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Au revers du poing, la fronde de l'amitié

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Artisan
Lakdahr l'Edenteur

Lakdahr l'Edenteur
Artisan

Général
- Mestre fêvre -
Bâfreur & Guerrier

♦ Missives : 1390
♦ Missives Aventure : 121
♦ Age : 32
♦ Date de Naissance : 06/12/1991
♦ Arrivée à Westeros : 08/05/2012
♦ Célébrité : Kevin Tod Smith
♦ Copyright : Luchadora
♦ Doublons : Alrik Mallery - Séraphine - Jeyne Estremont
♦ Age du Personnage : 26 ans
♦ Mariage : Serenei ( Femme-sel )
♦ Lieu : Les Iles de Fer
♦ Liens Utiles :
Feuille de Personnage
Feuille de personnage
Inventaire:
Jauge de réputation Jauge de réputation:
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Ven 6 Juil 2012 - 10:45

Le ciel à peine estompé de clarté, mais déjà brumeux de fins stratus ouatés – des prémisses de matinée usuels en pleine rocaille des Iles-de-Fer. Déjà, flirtant sur la houle, quelques boutres hachaient l'étendue maritime de leurs voiles lactescentes, prêts à caresser les eaux pour débuter cette journée au même titre qu'un certain forgeron. Tiré de ses ronflements depuis un moment, Lakdahr observait l'île d'Harloi par l'ajour de sa chambre, pièce gracieusement octroyée à chacune de ses venues – et le Dieu Noyé savait qu'elles étaient nombreuses. Poitrail dénué de textile, exposant sans vergogne la toison qui était sienne, il sirotait la gueuze défraîchie d'une pinte abandonnée la veille mais qu'il aurait été blasphème de gaspiller. La tiédeur du breuvage ne l'importuna guère, pas plus que les restes qu'il avait engloutis dès le premier oeil ouvert, d'une humeur étonnamment guillerette. Allègre même, après s'être reclus une trinité de jours dans l'ardeur de son antre en n'en sortant que de rares fois pour se remplir la panse. Une besogne qu'il avait finalement décidé de mettre en suspens pour se délasser autrement, retrouvant l'aise d'un logis digne de ce nom et d'une présence féminine éternellement contrariée de ses absences itératives. Violain ne changerait certainement jamais, lui-même demeurait immuable, mais ils restaient infrangible malgré les tribulations qu'ils avaient traversé durant cette année ensemble. Leurs retrouvailles avaient été d'atmosphère pesante, le couple n'avait d'ailleurs point échappé à l'algarade, la roche du bastion se souvenant encore du phonème tonitruant du titan qui était tout de même parvenu à lénifier la petite souris. Suite à l'ondée de dissonances, la brûlure de la concupiscence, qui avait alors fait frémir les murs d'une toute autre rhapsodie. Certainement raison originelle de l'humeur volatile du jeune homme, suffisait-il que les vénus oignent le mâle de leur voluptueuse bénédiction pour que celui-ci se désemplisse de son acrimonie, et le principal intéressé corroborait que ce sacrement-ci avait été particulièrement impie. A quelques graveleuses réminiscences, le notoire binôme d'onyx fureta vers la donzelle assoupie et dont il distinguait la chute de reins. Il s'interrogeait quant aux occupations auxquelles la sylphide avait bien pu s'adonner depuis qu'il l'avait laissée à sa solitude, ne doutant pas un instant qu'elle eut fait preuve de facéties dont elle était suffisamment fière pour s'en satisfaire, guère assez pour les confier à son maître. Si heurts il y avait eu, les récits finiraient par parvenir à ses tympans d'une façon ou d'une autre, tout n'était qu'une question de temps.

Et justement, glapissait celui de son départ, car il était inconcevable pour le mestre fêvre de s'adonner à la monotonie même aux doux abords de sa concubine. Il récupéra son gilet dont il se vêtit alors, une ultime lorgnade vers la donzelle, puis il disparut dans les méandres de la demeure non sans un précis dessein à l'esprit. Gabriel avait également été privé de la compagnie de son Edenteur favori, âme dévouée à sa forge, qui avait prétendu ébaucher la naissance d'une nouvelle oeuvre personnelle. Il était de notoriété publique que les deux amis étaient tels les bijoux d'une même paire virile, l'un rarement aperçu sans le gigantisme de l'autre, leurs poings chantant à la même eurythmie que leur fraternité. Il en avait toujours été ainsi depuis leur première rixe enfantine, poupons et déjà prompts à s'ingérer dans la mêlée, une propension au baroud qui ne les avait jamais quitté. Terreurs des tavernes et plus encore, les accès d'authentique rigolade et les sempiternelles bravades qu'ils s'adressaient manquaient cruellement à Lakdahr qui s'en allait pallier à cela. Il lui semblait que la Jouvencelle – Il ne se ferait décidément jamais au patronyme de ce boutre... - était amarrée à son appontement habituel, preuve que son capitaine devait errer dans ses appartements ou, tout du moins, dans les parages. D'un pas presque flâneur, il rejoignit le corridor qui le mènerait à l'espace privé de son comparse qu'il aperçut alors – ce qui ne fut pas réciproque. En effet, celui-ci venait à l'instant même de sortir de sa chambre pour prendre le chemin opposé au forgeron, qui jugea inutile de le héler et le laissa disparaître à l'angle du couloir. Le simple fait qu'Astaroth ne soit pas ostensiblement arrimé dans son échine prouvait que son retour ne tarderait pas, l'occasion de patienter jusque là. Jouant de la privauté qui les unifiait, il pénétra sans vergogne dans les appartements et s'y installa en jaugeant les dernières rapines amoncelées dans la pièce. Puis, il distingua l'auguste marteau de guerre déposé sur la table et duquel il s'approcha. Ne pouvant retenir ses marottes professionnelles, il expertisa l'état de l'arme qu'il trouva ébréchée en maints points. Cassures et éraflures, même une ou deux fioritures dentaires en moins, dénaturaient l'initiale beauté de sa création. Le bougre, comment osait-il la maltraiter de sa véhémence ? Un sourire pointa à ses lèvres, puis, la naissance d'une espièglerie qui manquerait inexorablement d'arracher la vie à son acolyte. Guère une once d'hésitation, il emporta la précieuse avec lui et, une fois le corridor certifié vacant, referma discrètement l'huis derrière lui pour s'embusquer au détour du couloir.

La disparition d'Astaroth serait un maëlstrom à l'âme de son propriétaire, le marteau n'était pas seulement un fléau pour leurs antagonistes, plus qu'un élément de belligérance, le sceau de leur amitié. Un emblème que l'Edenteur confessait à demi-mots, ne désirant pas flatter de trop d'importance l'égo de son homonyme et étant naturellement pudibond quant à l'expression de ses considérations. Pourtant, il eut à forger toute une kyrielle de nuitées, épuisant la quintessence de son inspiration dans cette plommée sertie de ses plus belles trouvailles dentaires. Une oeuvre à laquelle il s'était voué dans le plus grand secret, jusqu'à la présenter à un fer-né en pleine viduité d'une ancienne arme brisée. Il se souvenait parfaitement du cabotin qu'il fut lorsqu'il la lui avait offerte, bégueule comme la plus prude des pucelles lorsque Gabriel eut souligné les bons sentiments qui avaient engendré son acte. « T'me faisais pitié, c'tout... Ta gueule ! » Malgracieuse réponse du jeune homme qui avait sitôt mis fin à la conversation, sans qu'ils n'en reparlent jamais si ce ne fut par les gouailleries du bénéficiaire. En chaque opportunité de brimade sommeillait une parcelle de vengeance pour ce fameux jour où il eut été contraint de faire démonstration de son affection envers le capitaine, chose à laquelle ce dernier s'adonnait bien plus fréquemment. Tous deux bien qu'unis sous le même étendard provenaient de matrices très différentes et se complaisaient dans leur unicité, monstres aux crocs de fer et aux tempétueux caractères. D'ailleurs, il lui semblait ouïr l'arrivée de la dite créature !

Guignant discrètement son entrée dans sa chambre, Lakdahr en regagna le seuil pour mieux tendre l'oreille et prendre connaissance des conséquences. Ô cantate ! Profanation ! Sacrilège ! Quelles proses fusaient à travers la pièce, feulées, rugies telles de puissantes vocalises qui juraient le trépas de celui qui avait osé – A moins qu'il ne soit celui-ci qui perde la tête ? Les cris enragés du trentenaire manquèrent de le faire ployer rotule, hilare et irréfutablement fier de ce déploiement de puérilité. Car oui, il fallait être en deçà de toute maturité pour se faire l'interprète d'une telle boutade, et profondément inconscient pour s'assurer le courroux d'un obélisque à la dure rancune. Un méfait que quiconque aurait jugé suicidaire – car tel était le cas ! Cependant, le forgeron disposait d'une infrangible immunité, raison pour laquelle il avait cédé à cette galéjade tout en sachant qu'il n'en résulterait rien si ce n'était quelques acerbes commentaires. Après tout, il était encore le créateur d'Astaroth et son praticien lorsqu'elle avait besoin d'une cure de jouvence, rien de plus légitime que de jouir d'avantages à son égard. Pour l'heure, le tintamarre en provenance des appartements laissait songer à ce que le martyr de la mauvaise farce était en pleine bataille contre lui-même – ou contre son mobilier. Le mestre fêvre se persuada que le chaos devait désormais régner et que Gabriel n'avait jamais autant visiter les recoins de son endroit, de quoi l'encourager à un tri sélectif de grande ampleur. Main obstruant ses lèvres pour éviter l'échappée d'un rire caverneux, il n'en demeurait pas moins durci et ridé par les spasmes qu'il retenait tant bien que mal. Sa ceinture abdominale en périclita, usée à force de contractions par sa marrade. Nul doute qu'il devait avoir l'air benêt à ainsi pouffer, mais il se délectait de la croissante furia qui ravageait certainement autant le protagoniste que son environnement. Vice poussé au-delà, il aurait pu s'en retourner avec le précieux marteau et l'abandonner à sa frénésie qui risquait de coûter la vie à ceux qui auraient l'infortune de le croiser. Inutile, il ne tenait pas à être l'auteur d'une hécatombe dans la demeure Harloi, et se résigna à se manifester pour pacifier les ardeurs de son camarade. Seulement, il voulut s'annoncer avec originalité, peu convaincu qu'apparaître aux côtés du capitaine serait du plus bel effet. Ainsi, il alla s'adosser à la paroi faisant face à l'huis, le fer de la précieuse contre le sol alors qu'il en tenait le manche.

« Ses fluctuat nec mergiture,
C'était pas d'la littérature,
N'en déplaise au j'tteur de sort,
Son capitaine et ses mat'lots,
De vrais enfants d'salaud,
D's'amis franco de port !

Faites bien attention,
Habitants d'strates,
T'jours nous matons,
T'jours on convoite ! »


Sa voix rauque se répercuta dans les corridors adjacents, les notes de son humble chanson. Beuglant à n'en plus pouvoir, l'archétype du fruste marin qui s'égosillait pour passer le temps. Les pirates disposaient de leurs lots de cantiques toutes plus extraordinaires les unes que les autres, qu'ils bramaient parfois sur les flots ou lors des frairies. Mais s'il était d'humeur festive, son but n'était que d'attirer l'attention de son ami qui ne tarda guère à ouvrir la porte après l'avoir probablement reconnu. Ce qui ne le fit pas abdiquer pour autant.

« A trop r'garder la mer,
La mer au fond d'yeux,
On s'fait des bleus au coeur,
A trop r'garder la mer,
On s'fait des yeux,
D'la même couleur ! »


Ces couplets supplémentaires étaient d'autant plus importants qu'ils prenaient tout leur sens dans le cas de Gabriel. Fut un temps, par ailleurs, où l'Edenteur n'eut de cesse de lui raire ces quelques vers qu'il estimait plus que seyants. Cela le ramenait à ce qui lui semblait être une lointaine époque, une légendaire adolescence parsemée d'innombrables péripéties et durant laquelle ils n'avaient fait qu'affûter leur gaudriole. Le chantre improvisé accueillit sa victime d'une de ses plus belles risettes, levant même dignement un bras à l'instar d'un artiste venant de terminer sa prestation.

« Bah, t'en tires une gueule, t'as perdu que'que chose ? »
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Homme d'Armes
Gabriel

Gabriel
Homme d'Armes

Général
Capitaine de La Jouvencelle

♦ Missives : 1437
♦ Missives Aventure : 45
♦ Age : 32
♦ Date de Naissance : 25/02/1992
♦ Arrivée à Westeros : 01/04/2012
♦ Célébrité : Michael Fassbender
♦ Copyright : Luchadora
♦ Doublons : Shaïra Seastar, Maël, Velanna Vance
♦ Age du Personnage : 30 ans
♦ Mariage : Ils l'appellent femme-sel, il dit juste qu'il l'aime } Séraphine
♦ Lieu : Île d'Harloi, Dix-Tours
♦ Liens Utiles :
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Ven 13 Juil 2012 - 16:17

Avachi sur le dos, la respiration erratique et spasmodique, le Capitaine de la Jouvencelle prêtait l’oreille bien malgré lui à la clameur vénérienne qui ballottait sans vergogne les murs revêches de Dix-Tours. Comme c’était souvent le cas l’Edenteur avait trouvé couvert et logis dans la demeure de son ami qui se réjouissait toujours de sa venue, synonyme entre autres réjouissances de titanesques risées et de franches ripailles, et ce même s’il devait composer avec la présence de l’éternelle raseuse. A la pensée sinistre que le nuisible petit animal respirait encore grâce à ses généreuses interventions Gabriel maudissait son tempérament trop prompt à cajoler de sa mansuétude les petites choses délicates. Tout ce que méritaient les pénibles et encombrants rongeurs était un coup sec derrière la nuque, il s’en souviendrait à l’avenir. Malheureusement Lakdahr semblait s’être attaché et lié à la Souris plus que ne l’avait présagé leur première rencontre, il aurait été de mauvais goût d’occire dans un accès de fureur celle qui prenait si bon soin depuis plusieurs lunes de son exigeante virilité. Par égard pour celui qu’il considérait comme un frère le fer-né ravalait donc ses acerbes critiques et le plus souvent ne pipait mot de son ressentiment vis-à-vis de Violain, se persuadant qu’elle n’était après tout qu’une continentale, une femme-sel contre laquelle il était indigne et risible de nourrir tant d’amertume. Le forgeron méritait bien qu’il fasse fi des malignités mises en œuvre par sa possessive donzelle. Sans doute son irascibilité à fleur de peau reprendrait le pas sur ses volontés érigées mais la bonne intention était là, palpable et ne s’ombrageait que lors d’insubordonnées disputes. Toutefois il n’avait d’autres choix que de subir le stupre qui animait les deux âmes sous son toit et qui le renvoyait cruellement à sa propre situation. S’il ne devait sa solitude et la froideur de sa couche qu’à son acharnement à repousser toutes les femmes assez forcenées pour s’entêter à le pourchasser, il ne pouvait nier qu’une appétence instinctive l’animait et pulsait dans ses veines endormies. Les glapissements de la colombe tintant de concert avec les rugissements du titan lui évoquaient une kyrielle d’images libidineuses prestes à le priver durablement d’un sommeil réparateur. Un râle plaintif s’extirpa de ses lèvres entrouvertes et il s’étendit sur le flanc, assailli de toutes parts par de furtives et lointaines réminiscences qui lui rappelaient l’objet disparu de sa catharsis. Il lui sembla subitement que la douce Ernestine demeurait encore à ses côtés mais il n’y avait que le vide, et les contours de son visage rêvé étaient de plus en plus flous et inaccessibles. Peu à peu, inéluctablement, il oubliait les traits délicats de celle qui avait un temps partagé sa vie et rien ne pouvait ralentir cette chute dans le précipice de l’amnésie. De nombreuses lunes s’étaient levées puis couchées depuis qu’elle ne foulait plus les Îles de Fer, malgré tout son spectre ne cessait d’arpenter les lisières de sa chambre et de son esprit. Cette idée avait longtemps été une consolation pour le veuf mais à présent qu’il s’en séparait, il se glaçait de peur. Le brasier qui secouait de spasmes et de cris la chambre à l’autre bout du couloir attisait le contraste saisissant entre un homme qui vit dans la concupiscence du présent et un autre qui se raccroche aux bribes vaporeuses du souvenir et aux chimères d’une ambition salvatrice. Cependant il faudrait beaucoup de temps, de nombreuses chutes, des rencontres peut-être, avant que le sel cicatrise cette plaie vivace. Gabriel ferma ses yeux d’acier et inspira profondément, à la recherche d’un peu de quiétude. Deux sublimes gemmes azurées le caressèrent en tapinois, extraites de la souvenance d’une auberge côtière et d’une altière sylphide, et lui accordèrent enfin le repos.

Aux premières lueurs du jour il s’éveilla non sans peine, faisant chanter de craquements lugubres la rocaille de son anatomie. Les quelques années qui le séparaient de son ami commençaient à se lire dans certains signes dont le forgeron ne manquait pas de se gausser, ainsi il raillait le crissement de ses articulations au réveil ou les cheveux d’ange flavescents qui parsemaient le brun de sa barbe. Déjà trentenaire, Gabriel accusait non sans se plaindre la marche de l’âge et pouvait se targuer d’être resté un enfant dans nombre de ses attitudes. Il n’était pas étonnant pour quiconque connaissait le duo de géants de voir le plus jeune chaperonner et bosseler le crâne de son impétueux et déraisonnable aîné. Pourtant ces derniers jours le Capitaine avait été contraint de se passer de la roublarde compagnie de Lakdahr, ce dernier s’échinant depuis une trinité de jours dans l’étouffante atmosphère de sa forge. Il n’était pas rare qu’ils s’accompagnent en chaque lieu et à chaque instant mais l’atelier revêtait un lien sacré qu’il s’agissait de ne pas profaner, il s’était donc fait violence pour abandonner son ami à son fer le jour et aux bras de sa femme-sel la nuit venue. Que lui restait-il ? Quelques miettes, des couples de secondes disséminés dans la journée et qui le laissaient bougon, puis terriblement jaloux. Tenace rancunier il se vexait de recevoir si peu d’attention et ne manquait pas de le faire savoir par de noires œillades ou un raclement de gorge évasif et contrarié. Alors même qu’il avait toujours été plus pudique que lui dans la démonstration de ses sentiments, Gabriel s’indigna de l’indifférence manifeste du forgeron qui ne paraissait pas s’être offusqué ni même soucié une seule seconde de sa rebuffade. C’est pourquoi il dévala les escaliers jusqu’à la cuisine pour se bâfrer seul, ignorant quelle sombre manigance se tramait dans son dos. Rageur il dévora une miche de pains et tout ce qui, à défaut de pacifier sa jalousie, calmerait sa famine. Il avait beaucoup à faire et devait notamment se charger de l’avenir de la Jouvencelle. Il avait compté sur le soutien de Lakdahr dans cette affaire mais puisque ce dernier se souciait plus de l’entrecuisse d’une souris que de leurs entrevues viriles, il ferait tout cela sans lui ! Une jeune servante au doux petit nom de Yuna l’accosta alors pour lui proposer une chope de bière, qu’il repoussa d’un grognement contrarié.

    « J’vais m’préparer, tu diras à Lakdahr que j’fais l’tour des îles avec la Jouvencelle pour r’cruter des marins et… Nan. En fait, lui dis rien. Il s’en tape et j’l’emmerde. Il guigna le visage apeuré de la pucelle qui ne savait trop comment réagir, et n’avait de toute manière aucune envie de jouer la messagère entre les deux colosses. Allez, dégage. T’as plein d’trucs à faire. »

Elle n’eut pas besoin d’ouïr une deuxième fois cet ordre avant de déguerpir à pas vifs, ce qui arracha un soupir au fer-né. Une longue journée l’attendait effectivement et il aurait souhaité que son ami soit présent pour celle-ci, mais de là à l’implorer secrètement par le biais d’une domestique… Non ! Hors de question, il en aurait pour des années de moqueries. Tout en se massant la mâchoire d’une main il gravit les marches pour rejoindre ses appartements et se vêtir pour les traversées qu’il allait devoir effectuer d’île en île. Depuis son violent déboire avec Sargon, il avait senti de troublantes tensions au sein de son équipage. Une partie de ses hommes venait directement de la Veuve Salée, ils devaient surement se sentir liés au devenir du Harloi… Il n’avait pas besoin de marins à la fidélité discutable et trouvait plus judicieux de choisir lui-même ceux avec qui il allait pérégriner, piller et ravager les côtes du Continent. Il enfila méthodiquement sa sempiternelle armure de cuir souple et se chaussa. Fin prêt, il ne manquait plus que la pièce principale, la digne extension de son bras… Ses doigts coururent sur la table en bois massif sans rien heurter, ce qui le fit significativement froncer les sourcils. Astaroth demeurait toujours sur le meuble, immuable dans toute sa vénusté. Gabriel fit un tour sur lui-même pour parcourir la pièce du regard : l’épuisement de la veille avait du le faire déroger à son habitude, voilà tout. Mais ses yeux glacés ne trouvèrent rien… Un marteau presque aussi haut que lui, d’un poids effarant, d’une beauté inoubliable, comment pouvait-il ne pas illuminer la pièce de sa présence ?! Pensée précipitée d’un fer-né pour qui son arme revêtait une quintessence de sentiments complexes et qui comprenait que cette dernière n’était plus dans la tiédeur de son huis. Il se jeta violemment sur ses rotules pour regarder sous son lit, se relevant d’un bond il poussa d’une claque violente la commode, la table de chevet, les tabourets, qui tous se fracassèrent sur le sol dans un craquement épouvantable de pierres et de bois, mais Astaroth ne se montra pas.

    « Bordel ! Putain ! Merde ! Il tournait en rond dans sa chambre encore fumante, puissant lion dont les méninges s’activaient à une vitesse affolante. J’vais tellement défoncer c’ui qu’a fait ça qu’il pourra plus jamais poser son cul ! »

Toute son imagination était accaparée par les supplices qu’il pourrait faire subir au voleur, mais avant d’en faire sa victime il fallait encore le trouver. Le coupable il se le figurait déjà : une jolie demoiselle aux blondes boucles et au minois charmant, qui masquait une harpie prompte à lui pourrir l’existence à la moindre occasion. Toutefois, et malgré sa fureur, l’hypothèse quitta rapidement son esprit. Il la croyait largement capable d’un tel forfait mais elle ne pouvait absolument pas, maigrelette comme elle était, ne serait-ce qu’espérer soulever l’imposant marteau de guerre que lui avait forgé Lakdahr. Lakdahr. Comment allait-il lui annoncer cette nouvelle ? Astaroth ne quittait son échine que lorsqu’il dormait, c’était le bien le plus précieux qu’il possédait… Plus cher encore que la Jouvencelle. Non seulement parce qu’il s’agissait d’une arme exceptionnelle, mais aussi, et surtout, parce qu’elle avait été façonné par lui. Lui qui même en la lui offrant avait parlé de « pitié », une excuse qui avait fait naitre une risette moqueuse sur le visage du Capitaine et qu’il réutilisait régulièrement pour requérir des faveurs de son tempétueux homologue. « Hé, Lak, tu veux pas avoir pitié d’moi et m’accompagner sur la côte ? » Une boutade de bonne guerre et qui n’avait jamais entamé leur indéfectible et si unique amitié.

    « N’importe quoi mais pas Astaroth ! »

Une vocifération de plus qui se répercuta sur les murs de pierre et s’éteignit dans les longs couloirs de la demeure, achevant sans doute de froisser le sommeil des quelques retardataires peuplant Dix-Tours. Il n’attendait aucune réponse mais en reçut tout de même une, et des plus insolites. Des couplets d’une chanson souvent psalmodiée sur les ponts des boutres frappant les flots, d’une évidente grande poésie. Le talent des pirates à ce titre était trop souvent négligé. Il reconnut le phonème rauque et puissant de nul autre que l’Edenteur qui résonna gravement et lui fit rejoindre vivement la porte qu’il ouvrit en un coup de pied, pour se retrouver finalement nez-à-nez avec son comparse et… Sa création. Astaroth, intacte. Plusieurs secondes s’écoulèrent sans que le fer-né ne sourcille, hébété et encore frémissant après la terrible colère qui avait ravagé son espace vital.

    « Fils de pute. Maugréa-t-il le souffle coupé, ses yeux céruléens détaillant son arme de bas en haut. Son rythme cardiaque était encore saccadé et précipité, l’adrénaline battait à ses tympans avec fureur, il aurait sans doute étranglé n’importe quel autre chapardeur. Au lieu de cela, un ricanement termina de transformer sa colère en un sentiment plus « sain » et agréablement revanchard. Tu m’chantes encore la sérénade bégueule ? »

Autrefois dans leur prime jeunesse Lakdahr avait souvent eu à cœur de souligner l’azur océanique de ses yeux, couleur relativement peu commune dans les grises et froides îles de Fer. Adolescent maladroit il avait longtemps tâtonné pour trouver une réaction digne, versant tantôt dans l’ironie acide, tantôt dans la touchante pudibonderie. Savait-il aujourd’hui comment s’extirper du ridicule avec éclat ? Pas forcément, mais il en riait bien d’avantage. Ses vers achevés Lakdahr osa le provoquer ouvertement sur un « quelque chose » qu’il aurait, éventuellement, égaré. Audace ! Effronterie ! Par instinct et par jeu le Capitaine bomba le torse et s’éleva ainsi à une hauteur approchant celle du titan, puis guigna le fier manteau qui reposait dans la poigne du forgeron.

    « Ouais, j’crois bien que j’l’ai perdu juste au creux d’ta main. Heureux hasard qui le fit sourire, puis il se rapprocha avec un air faussement menaçant. Maint’nant écoute moi bien ptit cogneur d’fer ! Tu vas m’rendre tout d’suite ma promise, ce matin j’n’ai tué personne, pas encore, mais j’vais commencer par toi p’t’être ! Alors tu vas la poser bien gentiment, c’pas pour les gamins comme toi ! »

Il agrémenta sa terrible menace d’un crochet gauche dans la musculeuse épaule de son vis-à-vis, une large risette aux lèvres. La fureur ressentie par le sanguin capitaine s’était diluée aussi vite qu’elle était apparue, irréfutable preuve de son plaisir à retrouver la compagnie du farceur. Il s’interrogea superficiellement sur la raison de l’irruption de Lakdahr dans ses appartements mais balaya bien vite la question pour se satisfaire de sa conséquence. C’était d’ailleurs l’occasion ou jamais d’aborder plusieurs sujets qui le travaillaient depuis une ribambelle de jours, tels que l’équipage de son boutre, son envie de beuverie, ou encore l’obsédante dornienne qui ne quittait plus ses songes. Il n’attendit pas d’avantage pour harponner l’attention de son ami sur l’un d’entre eux.

    « J’imagine que j’te manque vu la tactique qu’t’emploies pour attirer mon attention. Sa raillerie – qui pouvait largement se retourner contre lui – s’accompagna d’un signe de tête qui désigna Astaroth. J’comptais prendre la Jouvencelle et faire l’tour des îles pour r’cruter des bras. Ses yeux rieurs le détaillèrent de bas en haut et se stoppèrent dans ses onyx prunelles. T’as maigri, t’es tout famélique ! Ca t’f’rait pas d’mal d’laisser un peu ton brasier et d’m’accompagner. Une moue agrémenta ses paroles qui s’achevèrent sur un susurre goguenard. Tu pourras toujours m’gazouiller quelques couplets sur l’chemin. »

Il espérait sincèrement que Lakdahr ne jouerait pas les fines bouches et l’accompagnerait, cela faisait longtemps, trop longtemps qu’ils ne s’étaient pas retrouvés seuls. A dire vrai, depuis qu’il s’était interposé entre lui et Sargon et avait certainement sauvé leurs vies, ils n’avaient guère eu l’occasion d’échanger plus que quelques phrases çà et là. Sargon, son jeune demi-frère… Sa simple évocation lui faisait douloureusement serrer la mâchoire, à lui seul il pouvait constituer une thématique sur laquelle débattre pendant des heures. Toutefois Gabriel savait que son ami ne s’hasarderait pas sur ce terrain dangereux et persisterait à rester neutre dans leur conflit. Une attention sur laquelle il crachait sans vergogne et qu’il louait secrètement en même temps puisque, au final, Lakdahr ne l’avait jamais abandonné dans la misère d’une fraternité brisée. Et il était bien le seul. Il étendit son bras et ouvrit sa large main pour y recueillir le présent symbolique, sans oublier de déclamer l’une de leur réplique favorite.

    « Mais pas par amitié mh, juste par pitié. »


Dernière édition par Gabriel le Mar 17 Juil 2012 - 17:10, édité 1 fois
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Lakdahr l'Edenteur

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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Mar 17 Juil 2012 - 15:18

L'aphorisme disait : après l'ondée, le beau temps. La foudre avait tonné jusqu'à en faire frémir la rocaille du bastion et l'Edenteur ne doutait pas que la poiscaille s'était esbignée dans les plus basses fosses abyssales en percevant la patibulaire menace. Plus qu'une question de météorologie, une marotte que tarabuster voire tympaniser celui qui le secondait autant que lui le talonnait. L'exercice devenu coutume avait affilé nombre de leurs tares et acabits, les contraignant à repousser les lisières de leur imagination pour rivaliser aux brimades de l'autre et mettant à mal leur patience tant mirifique. Un humour bien souvent à l'amplitude de leur gigantisme commun, aussi sot que biscornu et dont la fronde atteignait parfois la cible du pugilat. Belliqueuse spiritualité que la leur, là où certains donnaient l'accolade en psalmodiant, eux se vilipendaient sur fond de torgnoles en meuglant comme des bovins en saillie. Des esclandres qui ne manquaient pas de charme et dont la peuplade fer-née se délectait dans l'hilarité générale, avant que la futile algarade ne s'étende et revête des allures d'échauffourée. Note burlesque, les infrangibles amis finissaient toujours par guerroyer échine contre échine, binôme de mastodontes qui s'esclaffaient plus qu'ils ne larmoyaient à chaque coup reçu et rendu. C'était ainsi qu'ils se réconciliaient, lippes tuméfiées et ecchymoses tavelant leurs corps et faciès, ils gerbaient leur sang en riant. Aussi barbares pouvaient être ces scènes, pour rien au monde le forgeron n'aurait souhaité y pallier, elles étaient les soubassements de l'ineffable relation qui les faisait braire à l'unisson et tous deux se complaisaient dans toute l'iniquité de cette amicale violence. Une virulente fraternité qui ne les privait guère de cessations, bien qu'éphémères, toujours sincères. Sous leur fourrure de bestiaux, ils savaient oindre leur entente de mots et conversations. Preuve en était, Gabriel ne lui avait pas subito sauté sur le poil pour lui faire ravaler ses rengaines, il demeurait statufié telle une liliale sculpture de granit aux prunelles de quartz, effaré à la découverte du vil loustic. L'émoi qui l'eut alors heurté lui fit souffler l'un de ces sobriquets dont ils s'affublaient sans cesse : Ah oui, sa douce catin de mère. « Aussi bonne que la tienne. », la réponse brûlait les lèvres détirées du farceur qui ne s'offusqua nullement de l'injure même accueillie d'une mimique flattée. Le voile de la surprise dilacéré, sa victime au teint devenu exsangue recouvrit un semblant de couleur, preuve que l'hémoglobine pulsait de nouveau pour oxygéner ce qui lui servait de cerveau. Bonne nouvelle, ce n'était point aujourd'hui qu'il passerait l'arme à gauche !

Et l'arme, justement, principal surjet de toute cette effervescence qui, d'ailleurs, avait attiré les lorgnades de quelques curieux dont les trognes estropiées d'un rude réveil par le fugace hourvari se penchèrent dans le corridor. Les déités savaient qu'il ne fallait jamais n'eusse été qu'effleurer les délicieuses courbures d'Astaroth sans le consentement de son possesseur, tout autre fou en aurait déjà perdu sa tête. Mais loin de songer à ce châtiment qu'il ne connaitrait jamais dans pareil contexte, le forgeron se gaussa à l'illustration d'un capitaine gonflant toutes ses veinures dans l'espoir que cela le fasse miraculeusement grandir. Le plus colossal des deux quidams eut un bref ricanement spasmodique, qui mourut au fond de son gosier avant même d'atteindre la barricade de ses lippes alors que son vis-à-vis déclamait ses remontrances. Le bougre avait l'art et la manière de le dérider, la plupart de leurs conciliabules se jaspaient de tant d'absurdité qu'il lui arrivait d'en rire dans son sommeil, les réminiscences se bousculant dans sa mémoire à son plus grand bonheur. Résine de virilité oblige, sa saynète fut ponctuée d'un revers senestre qui fit tressauter la clavicule du mestre fêvre, ce dernier effectuant un ostensible mouvement de balancier pour finalement revenir à sa place sans plus ciller. Ce revers n'étant destiné qu'à une éloquente camaraderie, il se dissipa aussitôt des méandres de son esprit alors qu'il restait fier de sa facétie, trophée forgé toujours en main. L'hypothèse d'un Lakdahr alangui était délicate à ébaucher et – bien que véridique et irréfutable – impossible à corroborer. Toujours aussi rétif dans la locution de ses sentiments – et plus généralement de tout ce qui se situait en amont de son ceinturon. - il ne fit que renâcler dans un mime neutre, bien plus intrigué par les propos qui suivirent. Ses mirettes se plissèrent avec un intérêt non feint lorsqu'il fut question de bourlinguer à bord de la Jouvencelle, en quête de nouveaux corsaires pour en lécher les miches. Proposition pour le moins attrayante bien qu'inopinée, il n'avait pas souvenir que son comparse lui ait naguère fait part du désir de s'entourer d'un nouvel arroi. Néanmoins, il savait que le doute voire la mésestime s'était emparée d'une poignée de l'équipage à la suite de cette fameuse sorgue qui avait été témoin de la dissension de trop entre les demi-frères de Dix-Tours. A bien y réfléchir, il était de bon augure d'y remédier au plus vite avant que la gangrène ne se propage.

Prompt à lui exposer son point de vue , Gabriel fut plus furtif et lança les hostilités sur le galbe dit mal retaillé du colosse. Celui-ci, décontenancé, se mit à fureter les saillantes courbes de ses biceps comme pour s'assurer qu'elles étaient toujours d'actualité et qu'il n'avait rien égaré dans la nuit. Un bref éclat de voix souligna son dédain face à cette remarque injustifiée mais probablement nourrie du dessein de le contrarier. Au moins semblait-il avoir apprécié ses bribes de cantiques, encore bien circonspectes si l'on en croyait les contes populaires qui dépeignaient le portrait de fer-nés cabotant sur des monstres de bois d'ébène, à s'assouvir de la pulpe de leurs victimes dans des chorales égrillardes et dithyrambiques de leurs dieux des îles. Si telle était sa volonté, il pourrait louer l'azur diaphane de ses iris dans des analogies célestes et maritimes, rien n'était trop beau pour sa petite jouvencelle.

« Bien sûr par pitié, qui aurait envie d'être ton ami, t'as vu ta tronche ? » Bien malgré l'authentique amitié qui incendiait ses viscères à chaque fois qu'il était auprès de son acolyte, il n'était vraisemblablement pas prêt de la lui confesser si ce n'était involontairement. Il guigna la main tendue et impatiente de retrouver le contact de son fier marteau dont la lourde tête était encore au sol, jusqu'à passer dans la paume de son créateur qui souleva la bête. Astaroth horizontale, il la lança finalement dans les bras de son vis-à-vis dont il ne doutait pas des réflexes – dans le pire des scénarios, il se ferait seulement broyer le pied. « J'suis pas famélique, tête de cul ! C'est moi qui vais t'faire gazouiller, t'vas comprendre ta douleur... » Il fit un ample geste résigné. « Bah ! Avant d'prendre la mer faut que j'bouffe quand même, on fait un tour par les réserves et on s'tire. »

Inéluctable, sa présence auprès de son camarade pour édifier l'équipage qui serait le sien, il s'étonnait presque que la question lui ait été posée alors que la chose lui apparaissait comme indéniable. Plus que de lui ployer sa gigantesque compagnie, l'avis qu'il imposerait sur chaque quidam susceptible de convenir au poste serait substantiel, l'oeil critique et l'esprit fringant, il avait la ferme intention d'user de son véto si les candidats ne lui seyaient pas. Ce comportement scintillerait d'illégitimité pour qui ne connaissait rien des frères de coeur, la Jouvencelle était le bien naviguant de Gabriel et de celui-ci seulement, il en était maître – roi. Cependant, la carcasse du mestre fêvre alors transmuée en marin et guerrier la côtoyait si souvent qu'il en était devenu l'amant, et s'il laissait à l'époux le soin de l'entretenir, il ne la négligeait pas pour autant. Il préférait savoir son ami entouré d'hommes de confiance – ou ce qui en était le plus synonymique – et n'avait aucune envie de le retrouver bercé d'illusions. Loin de lui l'impudence de le cerner comme le plus inepte des capitaines, ceci, même s'il déplorait son indicible crédulité et cette tendance songe-creuse qu'il s'offrait, ils ne seraient guère trop de deux pour la réflexion.

Sans lui exposer ces bonnes intentions, l'Edenteur se décolla enfin du mur pour se hisser de toute sa hauteur et convia son homonyme à prendre la route des cuisines d'un succinct signe de tête. La simple référence à une perte de poids même fallacieuse avait suffit pour éveiller son instinct le plus primaire, il se remémorait non sans amertume les bouchées dégustées quelques instants avant de théâtraliser sa pantalonnade et trancha que sa panse méritait mieux. S'ils étaient voués à sillonner l'archipel toute la journée durant, autant qu'il soit enclin à le faire sans manifestation d'acrimonie à cause d'un estomac vide. Navré de ne pouvoir solliciter les talents culinaires de sa petite souris qui avait le don pour le transporter à la réplétion, il se contenterait des mets concoctés par les servantes qu'il avalerait sans même mastiquer. Le chemin jusqu'à leur destination se chamarra d'échanges communs jusqu'à ce que l'énorme paluche du forgeron n'épouse le ventail qui protégeait l'antre au mille denrées. Cependant, elle ne daigna s'ouvrir que d'un quart avant de percuter quelque chose qui obstruait l'entrée, le choc causant un tintamarre d'objets churent au sol. Interdit, le jeune homme ne bougea point durant de longues secondes, avant de lorgner son collègue pour lui faire partager son incompréhension. Il se risqua à une nouvelle ouverture de la porte, moins sauvage, infiltrant même sa figure en avant-garde pour apercevoir la cause du problème. Après une rapide inspection, il poussa enfin l'huis encombrée pour dévoiler la pauvre Yuna étendue de tout son long sur le par terre, encerclée par divers aliments qu'elle eut été en train de transporter. La mine endolorie qu'elle afficha laissa penser que sa charmante croupe avait amorti sa chute, mais ce fut d'avantage le gaspillage engendré qui fit réagir le bâfreur en chef.

« Non mais quelle conne, fais un peu attention ! »

Râla t-il simplement avant de l'enjamber, bien plus préoccupé par la famine qui le prenait en étau et laissant le soin à son condisciple de la tancer si tel était son désir – après tout, il était encore chez lui. Nullement soucieux d'être le véritable responsable de l'incident, le gourmand s'échina à fouiller dans le garde-manger en quête d'une pitance encline à lui donner envie. Le pain seul n'avait rien d'attractif pour un ogre féru d'imposants plats et dont rien ne pouvait remplacer la saveur d'une viande grassement arrosée. Le poisson n'était pas en reste mais il y trouvait moins ses aises, bien que toute forme de nourriture pouvait être consommée à la condition d'être accompagnée d'un bon faro. Cependant, ce n'était point le moment de faire la fine bouche alors que la besogne les attendait à la sortie de table, aussi jeta t-il son dévolu sur une tourte aux oignons dont les arabesques de fumée semblaient l'appeler. Il s'arma ensuite de deux chopines vacantes qu'il alla remplir de bière fraîche, l'une gracieusement offerte à son ami en face duquel il s'attabla. L'instant simple d'un petit-déjeuner pris en la meilleure compagnie qui puisse être, la banalité de la chose ne la rendait pas moins plaisante, car ils avaient toujours été ainsi : à se contenter de ce dont ils jouissaient tant qu'ils pouvaient le faire ensemble.

« T'as fait quoi ces derniers jours ? J'ai raté quelque chose ? » Interrogea Lakdahr avant d'enfourner sa première part comme toujours presque trop conséquente pour tenir dans ses abajoues. Mais alors qu'il patientait pour la réponse de Gabriel, un point noir virevolta sous son nez et l'obligea à se redresser dans une intuitive mouvance. L'attaque de la mouche ! L'indésirable fut aussitôt chassée d'un battement agacé de la main qui la fit faire le tour de la pièce... Avant de revenir importuner le titan en vrombissant à son tympan. « Mais casse-toi ! » Vociféra t-il en gesticulant dans l'espoir de la faire partir. Opiniâtre, le diptère osa même s'approcher de la gamelle du vorace dans laquelle il voulut plonger. Ce fut sans compter la défense de l'ogre qui protégea sa becquée, alors que l'insecte se posa non loin sur la table. Outragé, le forgeron frappa du poing pour l'écraser et ce, à plusieurs reprises alors que sa rivale changeait de place. « Enflure ! » Ratée. « Merde ! » Encore ratée. « Rah !! » Toujours ratée. « MAIS BORDEL ! »

Le dernier heurt manqua de faire choir les chopes, voire de briser le meuble sur lequel il s'acharnait. Il tapa une fois encore, sans plus apercevoir la nuisible... Il vérifia que son cadavre n'ornait pas ses phalanges ou ne s'était point incrusté dans le bois... Disparue ! Mais pour combien de temps ? La scène d'une grosse bête tourmenté par une petite aurait au moins le mérite de faire mourir de rire quiconque la voyait.
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Homme d'Armes
Gabriel

Gabriel
Homme d'Armes

Général
Capitaine de La Jouvencelle

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♦ Age : 32
♦ Date de Naissance : 25/02/1992
♦ Arrivée à Westeros : 01/04/2012
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♦ Age du Personnage : 30 ans
♦ Mariage : Ils l'appellent femme-sel, il dit juste qu'il l'aime } Séraphine
♦ Lieu : Île d'Harloi, Dix-Tours
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Jeu 19 Juil 2012 - 20:02

La pudicité de Lakdahr en matière de démonstration affective pouvait en vexer plus d’un – les drôlesses qu’il côtoyait en faisaient-elles les frais ? – tant il se montrait opaque à toute inclination qui serait dévoilée trop franchement à son intention. C’est ainsi que Gabriel avait toujours connu son frère de cœur et s’il s’en offusquait encore, c’était bien souvent par jeu ou pour le tourmenter. Nonobstant cette résolution, il n’en avait pas toujours été ainsi. Quand ils n’étaient encore que de turbulents bambins l’aîné des deux piquait de noires colères lorsque l’autre ignorait ses petites attentions, il n’était alors pas rare que les fils de femmes-sel ne règlent leurs histoires à coups de poings et de dents. Ainsi Gabriel se souvenait parfaitement du jour où, du haut de ses dix ans, il avait avisé un Lakdahr qui culminait à six années pour lui offrir la mâchoire entière d’un lion des montagnes. Il avait abattu lui-même le félin lors d’une courte escale sur le continent en compagnie de son père et s’était fait une fourrure de son pelage, avant de remarquer les monstrueuses canines de l’animal. Il n’en avait pas fallu davantage pour qu’il se mette à déboiter la pauvre carcasse et réserve son cadeau particulier dans son balluchon. Fier comme jamais en la lui offrant, il avait escompté une réaction excitée et à la hauteur du présent mais n’avait récolté qu’un grommellement et une fugitive risette. Meurtri dans son orgueil et son amour pour le jeune gourmand, il avait boudé des jours durant jusqu’à s’apercevoir, un matin, que Lakdhar prenait grand soin de son offrande et en utilisait les plus belles pièces. Depuis cette aurore Gabriel apprit à accepter cette part inhérente de la personnalité de son ami et s’en accoutumait, en riait et s’en amusait avec une dissimulée tendresse. Il n’était donc pas réellement étonnant qu’il ponctue la déclaration pincée de l’Edenteur d’un doucereux : « Moi aussi je t’aime, couille molle. » Il réceptionna ensuite sans mal Astaroth dans son étreinte et avec un éclat de voix victorieux. Ses larges mains effleurèrent le manche de la belle retrouvée avec une enamourée risette bien que ses sourcils se froncèrent légèrement à la rencontre de quelques aspérités et vilaines égratignures. Il n’y allait pas de main morte lorsqu’il se trouvait au cœur de la mêlée et la physionomie de son arme commençait à en porter les stigmates. Soucieux de la bonne santé de son bien le plus cher, Gabriel leva un œil azur brillant sur le mestre fêvre.

    « Quand t’auras l’temps, faudra que tu m’mettes un petit coup. Il glissa une œillade vers l’artisan en réalisant le contenu allusif de ses propos et éclata d’un rire rauque et puissant. Ouais, à Astaroth quoi. Elle a besoin d’être amignonnée par des mains expertes comme les tiennes. »

La plaisanterie ne l’empêcha pas d’accéder au souhait de son homonyme et ils prirent donc tous deux le chemin du garde-manger, qui fut sans heurts jusqu’à la bruyante algarade finale. Ni lui ni Lakdahr n’étaient réputés pour la délicatesse de leur mouvance et ce fut cette fois une servante qui en fit les frais. La jeune femme au charmant minois et aux yeux délicatement amandés entraina dans sa chute de nombreuses victuailles, et tout ce beau monde heurta le sol dans un boucan infernal. Après que Lakdahr ait enjambé l’infortunée, le fer-né suivant ne fut pas d’un meilleur secours mais attendit qu’elle se relève et profita de son mouvement pour procéder à une rapide inspection. Yuna était une domestique plutôt compétente et, atout non négligeable, plutôt jolie à reluquer. Il serait dommage de l’abimer trop rudement, aussi il se contenta de soupirer quand elle s’excusa platement auprès du titan et la renvoya d’un signe de tête à ses occupations. Elle s’empressa de ramasser le fouillis et se fit discrète durant tout le repas, active et invisible telle une ombre chimérique. Alors que Lakdahr jetait son dévolu sur une tourte aux oignons son aîné choisit de jeter un sort à un crabe en potée rescapé de l’orgie culinaire de la veille. Il arrosa le tout de la bière offerte sans pour autant négliger le phonème de son ami qui résonna bientôt à ses tympans. Toutefois il n’eut pas le temps de composer la moindre réponse que Lakdahr parut s’accoquiner d’une toute nouvelle compagnie : une mouche ! En le voyant ainsi batailler dur avec l’impertinente, le fer-né éclata d’un rire tonitruant.

    « AHAH !! Tu verrais ta tronche ! L’ogre qu’est rendu fou à cause d’la terrible mouche ! »

Il ria longuement à gorge déployée, se gaussant sans vergogne du spectacle cocasse qui mettait en scène l’affrontement entre Lakdahr et ses plus de six pieds de haut avec le minuscule et misérable petit insecte qui lui bourdonnait autour. C’était une merveille de bouffonnerie dont il ne se lassait pas et qui illuminerait sans doute le reste de sa journée, du moins le pensa-t-il jusqu’à ce que le diptère ne sonne le clairon d’une nouvelle et ultime charge. Il eut à peine le temps de discerner l’audacieuse bestiole que celle-ci se ficha au fond de sa trachée dans un vrombissement suicidaire. « Non ! Saloparrrgh..! » Un étranglement spasmodique s’en suivit tandis que le fer-né étreignit sa propre gorge et frappa son séant sur son siège, qui souffrit de craquements agonisants à chaque massif soubresaut. Le poing du Capitaine cogna la table à l’aveuglette jusqu’à trouver la chope qu’il empoigna de ses doigts fébriles et vida toute entière en une unique lampée. Il haleta encore un long moment avant de recouvrir l’entièreté de son souffle, et plus encore pour que le pourpre qui embrasait ses joues finisse par se dissiper. « Oh la rombière ! La putain a manqué d’me tuer ! ». Il renâcla bruyamment afin de dégager l’obstruction désagréable de ses poumons puis guigna son ami, qui ne se privait surement pas de railler son homonyme et son revers de fortune.

    « Humpf... Ça va ! Finis d’engloutir ta tourte et ta gueuze et on s’tire d’là. »

Soucieux d’éclipser le ridicule et délicieux – enfin, tout dépend pour qui – accident, il s’empressa de s’éclaircir le timbre pour répondre à la première interrogation de son ami. Depuis que ce dernier s’échinait dans sa forge Gabriel devait avouer que peu d’évènements avaient bouleversé sa vie, puisqu’il se remettait pour partie des émotions virulentes qu’il nourrissait toujours envers son demi-frère. Si Lakdahr et Yoren avaient permis par leur intervention la catastrophe, les mots et la cuisante humiliation restaient gravés et ne l’avaient plus quitté, s’insinuant dans toutes les situations communes pour le dévorer. Poison tenace et douloureux qu’il ne canalisait qu’à grande peine, seul son vis-à-vis lui permettait de tourner durablement le dos à ses angoisses. Cependant, il y avait bien un phénomène qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de conter à son favori et unique chaperon…

    « J’ai rien fait qui r’tiendra vraiment longtemps ton attention, j’m’ennuie quand tu traînes pas ta grosse carcasse avec moi. »

Un sourire succinct orna ses lippes à cet aveu qui pouvait paraître exagéré pour le premier quidam venu et qui était, pourtant, fort vrai. L’impétueux fer-né ne tardait pas à tourner en rond et à s’ennuyer fermement lorsque ses pas ne se confondaient pas avec ceux de son comparse de toujours. Le temps passait, les jours se succédaient, l’un après l’autre, inlassablement et les frères de cœur ne connaissaient ni l’assuétude ni la lassitude. Ils se complétaient en une symbiose aussi harmonieuse que tonitruante, le Capitaine n’échangerait son bourru et revêche forgeron pour aucun autre. Cela dit cela ne l’empêchait d’arpenter les îles sans lui et il vivait donc des aventures en solitaire, même s’il allait sans dire qu’elles étaient souvent bien moins mouvementées et passionnantes : les deux colosses attiraient les ennuis comme la roche allèche la moule.

    « ’Fin… Il m’est quand même arrivé un truc. Il humecta ses lèvres d’un bref coup de langue tout en cherchant dans son esprit brumeux une adéquate formulation. Il la trouva finalement dans l’expiration d’un mot unique, ou plutôt la diction d’un prénom qu’ils avaient souvent vociféré dans les temps immémoriaux de leur enfance et adolescence. Elyn. La fougueuse reine de la Veuve Noire était loin d’être une inconnue pour le titanesque duo : autrefois la jeune femme complétait leur trinité par sa vive présence. Elle avait beau être la plus jeune, sa maturité compensait le caractère gouailleur et habituellement facétieux de ses aînés et il n’y avait pas une lune sans que leurs cris et leurs rires ne fassent trembler les Îles de Fer. Regrettable époque ! T’sais qu’elle m’faisait la gueule depuis un bon moment… C’est brutalement, alors que le deuil frappait sa maison, qu’Elyn avait rompu tout contact avec le Capitaine de la Jouvencelle. Par respect et amitié il lui avait laissé l’espace suffisant pour respirer et se remettre de ses émotions sans qu’elle ne se sente oppressée par sa présence fâcheusement maladroite. Toutefois la Bonfrère avait renoué avec l’Edenteur avant même de songer à lui adresser le moindre regard, l’excluant de la triade sans la moindre once d’explication. Bah j’ai appris qu’après s’être fait blesser par les lions, elle est pas rentrée chez elle. Peut-être Lakdahr était-il au courant, mais il savait que le forgeron ne se serait pas fendu d’une visite auprès de leur jeune amie sans lui en toucher un mot. Du moins il l’espérait. Elle est allée s’reposer à Kenning ! Chez l’autre connard bordel ! Il ne pouvait y avoir qu’un seul connard capable d’éveiller autant l’animosité du fer-né en un seul et même souffle, il ne s’agissait de nul autre que son demi-frère, Sargon Harloi. Inutile de préciser qu’après la violente escarmouche qui avaient opposé les deux hommes et manquaient de lever un vent mortifère sur les îles, savoir Elyn en sa compagnie n’avait fait qu’aviver son incommensurable rancœur. Elle a préféré aller l’voir lui plutôt que d’rentrer chez elle ou… Merde quoi ! La simple évocation du moment l’emplissait d’une furia sourde. Que Sargon lui ait été préféré était proche de l’insoutenable. Il balaya l’air devant lui du plat de sa main et détourna le regard du faciès de son ami. Bref… J’suis allé la voir là-bas. Et comme si ça suffisait pas… Elle m’a balancé à la gueule qu’elle avait écarté les jambes d’vant lui. Juste pour m’faire enrager ! J’avais b’soin des détails d’la vie trépidante de son con moi ?! Non ! Il grogna et son échine basculée rencontra le bois du dossier de sa chaise dans un sinistre craquement. J’avais oublié qu’Elyn était une femme, et qu’les femmes sont qu’des chiantes et des putains. Il allait vite en besogne et serait capable de le reconnaître une fois la fureur passée, cependant il n’était pas injuste de souligner que les femmes de son existence ne brillaient pas par leur mansuétude. La toute première étant sa très chère braavosi de mère qui ne manquait pas une occasion de faire chanter sa voix de sirène pour le manipuler sournoisement. Et toi… Quand tu faisais pas couiner ta souris à l’aut’ bout du couloir, à quoi t’as occupé ton temps ? »

Au fil de la discussion les auges qui leur servaient d’assiettes s’étaient mystérieusement vidées de leurs mets, engloutis par le vorace appétit des deux immenses poupons. Le fût de bière avait également connu un sévère châtiment et faisait à présent pâle figure. Les fer-nés prouvaient à nouveau qu’ils étaient d’intrépides et voraces guerriers, prompts à ravager tout ce qui se trouvait sur leur passage : villages, femmes, viandes et alcool. La panse bien remplie Gabriel se releva en s’étirant et en poussant un rugissement satisfait, qui provoqua un vif sursaut chez la frêle Yuna qui s’affairait déjà à débarrasser le carnage qui maculait le garde-manger. Il la jaugea d’un œil critique harponné à son échine, son œillade dévala sa croupe bien en chair – un cadeau du Dieu noyé : menue silhouette mais hanches rebondies, façonnées pour que la donzelle soit agrippée et chevauchée – puis il soupira en reportant toute son attention sur son comparse qui à défaut d’une voluptueuse chute de reins, possédait bien d’autres attraits.

    « J’ai déjà arpenté toute l’île mais faut croire qu’la Veuve Salée a récupéré tout c’qui était récupérable. J’pensais qu’du coup on pourrait tenter notre chance chez toi, j’sens qu’y a du potentiel à ferrer sur Pyk. »

Pyk était l’île la plus imposante et la plus peuplée, leurs chances de trouver de bonnes recrues s’en trouvaient donc mathématiquement accrues, ce qui ne serait pas de trop. Il s’interrogeait encore sur la manière avec laquelle ils procéderaient… Aborderaient-ils leurs frères en leur demandant naturellement de les suivre sur la Jouvencelle ? Et sur quels critères se baserait-ils au final ? Ou bien, essaieraient-ils à l’aide de leurs voix gutturales de passer une annonce sur la plage et, qui voulait viendrait ? C’était prendre le risque de voir débarquer tous les inaptes dont personne ne veut… Les possibilités étaient nombreuses et il n’avait pas encore tranché parmi elles. Là-aussi, le secours de Lakdahr serait le bienvenue. D’une main ferme il récupéra Astaroth qui reposait sur la table depuis qu’il l’avait reconquise et l’accrocha le long de son échine. C’était un mécanisme somme toute simple mais ingénieux qui lui permettait de transporter partout son imposant marteau sans s’épuiser outre-mesure, toutes proportions gardées. Exceptions faites de Lakdahr et lui-même, nul doute que n’importe quel marin perdrait son souffle et se renverserait en arrière avec une telle masse sur le dos. Une masse parfaitement équilibrée pour la silhouette de Gabriel et qui épousait la musculature de sa physionomie avec une précision surprenante, cette arme de mestre avait été conçue pour lui et pour lui-seul, c’était d’une criante évidence. Cette simple pensée avait le don de lui réchauffer les entrailles. Il attendit que son ami prenne sa suite et se baissa pour passer la porte lilliputienne, lâchant un dernier ordre à l’adresse de Yuna. « J’sais pas quand on va rentrer, mais y a intérêt qu’on manque de rien… T’as compris ? Et lave-toi un peu l’minois, t’es pas qu’une camérière, on doit avoir envie d’bouffer quand on t’voit. » A la suite d’un furtif et soumis hochement de tête la pucelle s’écarta prestement du chemin des deux brutes qu’elle était condamnée à servir pour le restant de ses jours et garda ses prunelles baissées pour ne pas importuner le forgeron, qu’elle s’imaginait revanchard. Lakdahr et Gabriel franchirent ensemble l’entrée massive de Dix-Tours pour rejoindre les abords d’une tout autre Jouvencelle, bichonnée et lustrée par des marins affairés. Les instructions furent rapidement dictées et c’est un équipage restreint qui monta à bord de l’humble et ardent boutre. Prospecter de nouveaux caboteurs risquait d’être un exercice ardu mais comique, le Capitaine avait craint de faire des erreurs de jugement et surtout de s’ennuyer ferme dans la fastidieuse entreprise s’il s’était lancé seul dans cette recherche. En compagnie de l’Edenteur la corvée devenait un plaisir et un prétexte de plus pour égayer un quotidien parfois assommant et morne.
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Lakdahr l'Edenteur

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Général
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Mer 25 Juil 2012 - 0:18

L'on attrapait pas les mouches avec du vinaigre, lapidaire maxime qui, dans son aspect le plus textuel, n'avait jamais été aussi exacte : les diptères préféraient l'oignon. Au plus grand dam du goulu fer-né prompt à donner des poings et des pieds – du front, des coudes et de la croupe s'il l'eût fallu ! - dans le ferme dessein de protéger son encas dont il fortifia les flancs de ses bras. Qu'elle y revienne, il l'attendait avec l'intention d'en faire son aromate si elle persistait dans ses intempestifs assauts. Tel le plus zélé des gardes-fou, partiellement tassé au-dessus de sa pitance, le guerrier du jour furetait en tout sens à l'instar d'un psychotique persuadé que le ciel viendrait à choir sur son crâne. Qu'y avait-il de plus précieux pour un quidam que ce qui trônait dans sa gamelle si ce n'était l'entrecuisse de ces dames ? Sacro-saintes lippées pour lesquelles la trêve était généralement signée, le temps de remplir leur rumen à les en faire imploser, puis ils reprenaient leurs hostilités usuelles. Une accalmie importunée par l'hôte surprise dont il dépréciait fortement l'opiniâtreté, et il était certain qu'elle n'était qu'embusquée dans la pénombre pour mieux le vitupérer de son accablant vrombissement dès lors qu'il se ravirait les papilles. Pour l'heure, raillait un tout autre bourdonnement guttural qui rappela le titan des forges à une accablante réalité : Il n'était même pas parvenu à occire un insecte que son auriculaire aurait pourtant pu aplatir sans même le vouloir. Etait-ce d'avantage la disparité de taille ou la simple frustration courroucée du forgeron qui était la plus récréative à observer ? Un ensemble, certainement, sur le point d'avoir raison du capitaine de la Jouvencelle dont le beuglement hilare se faisait prompt à abattre ce qu'il restait de patience chez son comparse de toujours. Fulminant sur son siège, il adressa une cuisante oeillade à celui qui se gaussait sans vergogne et se mit à lui rugir à la figure. « Ferme ta putain d'gueu... !! » La mouche fit mouche et jugea bon de parachever sa tirade avant qu'il ne puisse le faire lui-même. Lakdahr assista à la scène, abasourdi, coupé de toute colère pour finalement emprunter l'antérieure réaction de son ami victime d'un revers de fortune. Il manqua de basculer de sa chaise en se désopilant à n'en plus pouvoir, abandonnant son vis-à-vis dans sa moribonde panique. Faire bonne chair, était une telle maxime niellée dans la rocaille que Gabriel en venait même à gober la moindre petite manifestation culinaire aussi insolite pouvait-elle être. Fort heureusement, malmené et érythèmes aux joues, il parvint à se remettre de ses émotions, ce que le courbaturé de rire face à lui mit un peu plus de temps à faire.

Reprendre leur conversation suffit à dissiper l'incident alors que les panses hurlaient famine, et le couronné bâfreur ne se fit point prier pour poursuivre son activité tout en prêtant une oreille attentive à ce qui pouvait se dire. Evidemment qu'il n'avait rien fait sans lui – il osait espérer que ce serait toujours ainsi ! - eux qui avaient pour naturelle marotte de ne presque rien entreprendre sans l'opinion de leur homologue. L'idée que cette excursion en quête d'un nouvel arroi eut pu se faire sans lui ne lui effleura pas même l'esprit, quand bien même c'eut été presque le cas. Il fut néanmoins ravi de constater qu'aucun déboire n'eut profité de son absence pour se manifester, une conclusion trop hâtive sitôt dénoncée fausse lorsque vint le temps des confessions. S'il s'était jusqu'alors contenté de l'écouter sans lever ses noires agates de son repas, le simple prénom articulé le rehaussa intuitivement, sa mastication s'alentit aussi, le laissant avec un oignon épargné entre les dents. Le mestre fêvre savait à quoi s'en tenir s'ils en venaient à bavasser de ce sujet, il doutait que l'aveu serait ourlé de joie, lui qui connaissait mieux que quiconque les divergences responsables du morcellement de leur illustre trinité d'antan. Il haïssait ce qu'était devenue la relation entre ses deux meilleurs amis, mais se contentait tout aussi bien du rôle de spectateur qu'il avait lui-même choisi, nonobstant le soutien moral et individuel qu'il apportait à chacun d'eux. Il n'avait jamais réellement compris cette arcane qui les happait sempiternellement vers l'antagonisme, alors même qu'ils s'étaient tous trois épanouis ensemble, les uns avec les autres. Elyn avait toute la considération de l'Edenteur, malgré cela, et comme le soulignait le narrateur de l'histoire, elle restait de ce sexe qui demeurerait à jamais inintelligible à leurs yeux. A la confidence, le colosse fut emprunt d'un certain stoïcisme nappé de réflexion, prudent quant au litige exposé et ne désirant pas s'impliquer dans un contexte qui ne le concernait nullement. Sa tiédeur n'était guère souvent appréciée de son comparse qui aurait, lui, préférait jouir d'un traitement de faveur et obtenir le soutènement de son frère de coeur. Lakdahr ne s'y risquerait pas, en particulier s'il était question d'une harpie des îles qu'il appréciait réellement. Son opinion se réduisit donc en une kyrielle de mimiques, preuves qu'il l'avait entendu sans exprimer plus. Controverser sur leur inimitié serait vain, surtout alors qu'il n'avait point la version de la Bonfrère.

« Elle fait pas que d'couiner ma souris... » Engrena t-il avec une moue suggestive, furtive pensée à la nuitée d'ébats qu'ils avaient eue. « Mais j'ai passé l'temps dans ma forge, j'avais d'la besogne à faire. »

Inutile de préciser que plus rien ne subsistait lorsque le forgeron se vouait à son antre, et qu'il n'avait de ce fait rien d'exceptionnel à relater si ce n'était sa récente voltige vénérienne. Dans un registre analogiquement fessu, ses prunelles suivirent celles de son acolyte jusqu'au séant de Yuna dont il authentifia les gourmandes cambrures. Il s'étonnait que la délicieuse muse d'exotisme n'ait point encore été sauvagement déflorée depuis son arrivée à Dix-Tours, elle qui ne manquait de rien pour enjôler un homme d'une simple mouvance surrénale. A en voir l'air de Gabriel, celui-ci était tarabusté par la même interrogation, mais qu'attendait-il pour en profiter ? A se faire ascète, il finirait par s'auto-châtrer pour que le souci ne demeure plus. Puis, revint leur priorité du jour alors que l'ogre cajolait son ventre plein, repu pour quelques heures. Pyk, chez lui. L'expression le fit tiquer bien qu'il n'en dit rien. Il possédait une vision somme toute personnelle de leur saumâtre archipel, une patrie qu'il estimait autant qu'il abhorrait. L'on y trouvait une belligérance et un honneur comme nul part, mais tout était pauvre d'intérêt, et il en venait parfois à se demander si la roche n'était pas plus grise ailleurs. Presque aucune attache pour le lier à ces îlots qu'il arpentait sans cesse – Dagon, non plus, n'était pas innocent à la morosité qui l'étreignait des fois. Les strates de Fer étaient sa patrie, sans être chez lui, car il y était né et dans ses veinures fluait le corrosif ichor de la Seiche. Son identité insulaire était avérée tout en étant secrètement précaire, un sentiment trop ineffable pour être conté, mais pour rien au monde il n'aurait préféré vivre dans la morgue continentale.

Qu'importait, ils auraient de quoi faire leurs emplettes et l'heure du départ carillonnait. Après un hochement de tête, le forgeron s'hydrata du reste de son faro puis se leva pour talonner son homologue, n'octroyant qu'une succincte lorgnade à la servante qu'il terrorisait vraisemblablement. Il eut à courber l'échine pour ne pas embrasser le cadrant, entamant un lot de boutades alors qu'ils rejoignaient l'appontement auprès duquel la Jouvencelle se faisait brillanter. Accueillis par le glacial embrun, l'horizon fut avisé d'un instant avant que la pucelle embarcation ne rejoigne les flots par lesquels elle était caressée, mais jamais pénétrée à contrario d'une assimilation plus humanoïde. Non loin de la proue, le jeune homme songeait au rythme de la houle, sur l'endoctrinement pour lequel ils allaient opter. Les écumeurs n'étaient pas choses rares, tous avaient une âme mise aux enchères lorsqu'il était question de navigation, de cabotage et en particulier de rapines sur le littoral rival. Cependant, le boutre de Gabriel possédait déjà un équipage duquel il ne s'était, à sa connaissance, jamais véritablement lamenté. Ne pointait qu'une unique raison à ce désir de mue navale, et celle-ci était ferrée du patronyme Harloi, du prénom Sargon. L'appellation du Malin, l'incube était apte à importuner son monde même alors qu'il se trouvait à mille lieux d'ici, et les déités savaient à quel point il était un intarissable puits de spleen et polémiques. Or, ces marins qui souquaient en cadence étaient d'hypothétiques séides que l'aîné de la fratrie aurait été fou de négliger, ce qu'il ne faisait visiblement pas. Depuis qu'il leur avait évité une agonie dans les bras l'un de l'autre – et après avoir eu droit à une intègre sorgue de plaintes et ergotage une fois son ami plus ou moins lénifié. Du peu qu'il avait ouï de l'algarade avant que ne vente l'âpreté des poings, les objurgations avaient été encore plus quintessenciées qu'à l'accoutumée, une supputation corroborée par la narration de l'avanie. Il y avait eu des témoins de leur voix portées aux récriminations, et si l'obélisque des forges s'était abstenu de commentaires, il craignait que l'un des matelots ne s'improvise délateur pour obtenir les bonnes grâces de la Veuve Salée et de son capitaine. Etait-ce là une appréhension partagée ?

« Hé. » Fit-il pour attirer l'attention de son acolyte, lequel fut convié à le rejoindre d'un signe de la main. Une fois qu'il fut à ses côtés, le jeune homme vérifia qu'aucun tympan trop inquisiteur ne cherchait à les entendre. « C'est à cause de c'qui s'est passé avec Sargon l'autre fois, que tu cherches d'nouveaux matafs ? » Il considéra chacun des quidams présents sur le boutre, calots plissés comme s'il escomptait les sonder dans le dessein de découvrir la probité ou la subornation de leur nimbe. « C'est pas une mauvaise idée, c'toujours mieux de bourlinguer avec des gars de confiance, y en a qui suivront pas le cap du milieu, si tu vois ce que j'veux dire... » Si la neutralité était souvent un signe d'intelligence – ou de couardise pour certains - elle était notion versatile et les frustes étaient simples à appâter. La vénalité des consciences était déplorable, mais véridique, ceci lui remémorant un détail dont il n'avait pas eu l'opportunité de lui faire part. « C't'histoire, ta couille dans le Nord, tout ça, ça a d'jà fait le tour des îles, t'es au courant ? Y en a qui sont même v'nus me voir la dernière fois que j'étais sur Pyk, pour que j'leur dise si c'était la vérité ou d'la merdaille en fût. »

Les bévues comme les succès proliféraient à une incroyable célérité sur un si petit agglomérat d'écueils que le leur, une notoriété pouvait être virginale – autant que pouvait l'être celle d'un fer-né – aux aurores, puis maculée au crépuscule. La diffamation était un exercice d'usage, devenu une pure distraction pour quelques-uns qui gouaillaient des conséquences de leurs médisances. Cependant, les racontars présentement concernés étaient malheureusement tous vrais, et le simple fait que l'on ose interroger l'Edenteur à ce sujet prouvait que l'affaire intéressait. Les bougres ? Chassés de son logis à grandes vociférations, nul ne venait chercher matière à cancaner sur Gabriel, à même sa demeure, sans endurer son feu sacré. L'esprit en pleine gamberge, les rutilants onyx du mastodonte épousèrent le paysage et les esquisses de l'île mère qui semblait déjà proche. L'éperon d'agrégat minéral au plain-chant des mânes, celui des vagues qui se brisaient sur les tranchants récifs ou toute la grise vénusté de leur archipel. Les quais bientôt à proximité, alors que ses méninges plus chevronnés à leur fonction encéphalique que l'on aurait pu le penser étaient en effervescence.

« J'ai une idée... » Déclara t-il tout en frictionnant la toison de son menton comme pour appuyer sa méditation. « J't'expliquerai plus tard, attend moi à la taverne du Vieux Crayrin, j't'y rejoindrai après avoir réglé deux ou trois trucs. Si jamais ça tombe à l'eau on au... » Dans une ample mouvance scapulaire seulement destinée à lui défroisser un muscle, son coude heurta de plein fouet la mâchoire d'un marin qui brimbala jusqu'à passer par-dessus bord... Et ce fut lui qui tomba à l'eau. Effaré de son involontaire violence qui eut au moins le mérite de noyer le pont sous une déferlante de rires caverneux, Lakdahr béa. « … Oups. »

Le matelot s'enquit poliment de la santé mentale de son agresseur et feula tout en rejoignant le débarcadère non loin de là. Une fois la Jouvencelle amarrée, le binôme se scinda selon les indications du mestre fêvre qui s'éloigna de son côté non sans intentions en tête. Pyk, il la connaissait aussi bien que les courbes anatomiques et les points lascivement sensitifs de sa femme-sel, et tout comme elle, il était enclin à la faire jouir s'il la stimulait avec un tant soit peu d'exactitude. Plus que cela, il désirait mettre sa propre réputation à contribution dans leurs recherches, lui dont l'apanage lui ployait l'avantage d'être en connivence avec de nombreuses personnes. Si ce n'était guère en lui, la majorité de ses clients avaient au moins foi en ses acabits d'artisan et de guerrier, de quoi ajouter une nitescence d'attraction supplémentaire au boutre auquel il était le plus loyal. Cependant, si c'eut été là une forme d'attrait, l'entière valeur et potentiel du bateau reposaient sur Gabriel. Il lui ferait l'amorce pour charmer la poiscaille, à lui de faire bonne pêche ! Ainsi, il rendit visite à quelques personnalités connues pour leur incommensurable prolixité et avec lesquelles il s'entretint dans un discours grossièrement ficelé mais exhaustif à souhait, sans souligner le caractère urgent de leur quête. Présentée comme il l'avait fait, l'information aurait promptement fait de foisonner dans tout l'îlot et d'attiser la curiosité collective. La fragrance de l'Odyssée et des très fréquentes razzias s'appliquerait à leur tracer la voie jusqu'au lieu d'enrôlement que serait ladite taverne dans laquelle le capitaine patientait – ou s'impatientait. Il était de meilleur augure que leurs congénères passent l'huis d'eux-mêmes, un premier reflet de leur motivation quand bien même tous ne seraient pas dignes d'être recrutés. Une fois sa prospection achevée, il entreprit de rejoindre son comparse qu'il retrouva attablé dans l'endroit encore mollement fréquenté, le jour n'étant au final levé que depuis fort peu longtemps.

« Normalement, on d'vrait avoir d'la visite. » Dit-il en s'affalant à ses côtés. Il visualisait déjà la traîne de fer-nés qui se succéderaient dans un bien étrange casting, pour l'heure, ils avaient du temps devant eux pour affûter leur tactique. « Si ça foire, on tentera autre chose. Toute façon, faudra qu'on passe sur Grand Wyk, là-bas j'suis sûr d'connaître que'ques bonshommes de confiance. Sur Orkmont aussi, j'y suis allé bosser y a trois semaines, ceux pour qui j'ai forgé cherchaient à s'reconvertir. » Il se tourna vers lui et lui indiqua à la façon d'un précepteur à son disciple. « Pour l'histoire avec Sargon, sois pas con, z'ont pas besoin de savoir que t'as fait ça pour l'contrarier. Mais oublie pas qu'il a pas excellente réputation partout, aide-toi d'ça, certains s'rangeront de ton côté si tu leur parles de l'Antique Voie. C'est pas qu'en sachant naviguer qu'on est bon capitaine. » L'on disait du fils Harloi qu'il l'était, une vérité qu'il était impossible de nier mais qui ne suffisait pas à lui faire ascensionner la considération de tous les autochtones. Une faille que Gabriel devrait exploiter s'il voulait déjouer l'embarras d'éventuelles interrogations qui lui seraient posées. « Et c'soir, tu devrais emmener ton nouvel équipage faire ripaille... Commencer sur d'bonnes bases. »
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Homme d'Armes
Gabriel

Gabriel
Homme d'Armes

Général
Capitaine de La Jouvencelle

♦ Missives : 1437
♦ Missives Aventure : 45
♦ Age : 32
♦ Date de Naissance : 25/02/1992
♦ Arrivée à Westeros : 01/04/2012
♦ Célébrité : Michael Fassbender
♦ Copyright : Luchadora
♦ Doublons : Shaïra Seastar, Maël, Velanna Vance
♦ Age du Personnage : 30 ans
♦ Mariage : Ils l'appellent femme-sel, il dit juste qu'il l'aime } Séraphine
♦ Lieu : Île d'Harloi, Dix-Tours
♦ Liens Utiles :
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Lun 20 Aoû 2012 - 18:50

Les méninges en effervescence et accoudé à la balustrade de la Jouvencelle Gabriel ne cessait de songer à comment il allait s’y prendre pour recruter de nouveaux marins sans aborder le sujet épineux qu’était Sargon. L’éviter serait difficile, voire impossible, il en était conscient. Il fallait donc préparer une solide défense et lénifier sa virulente rancœur. Les yeux dans le lointain il fut interpellé par son acolyte, qu’il suivit à l’abri des oreilles indiscrètes. Sans surprise Lakdahr avait deviné ses intentions et ses inquiétudes et il donna l’impression de les corroborer : mieux valait naviguer avec des hommes dignes de confiance et éviter les éventuels coups de poignard dans l’échine. Mais comment faire ? L’entreprise ne serait pas de tout repos et les solutions lui manquaient. Le forgeron en revanche, parut frappé d’un éclair lumineux. « Au Vieux Crayrin, j’y serai. Tu veux pas m’expliquer ton pl… » sa requête fut interrompue par un beuglement plaintif, un profond plouf, puis une tempête de rires gras et moqueurs à laquelle il se joignit après avoir remarqué le mataf pataugeant en contrebas, hébété et furieux. Le titan avait encore frappé… « T’es pas obligé de m’tuer ceux qui sont là » lâcha-t-il en frottant ses yeux humidifiés par l’hilarité générale.

Une fois le boutre accosté les deux géants se séparèrent conformément aux indications de l’Edenteur qui suivit son propre chemin tandis que la Jouvencelle partit s’installer à la taverne. Il ignorait quelles étaient les intentions du forgeron mais pour l’heure, son rôle dans l’histoire lui convenait amplement. Servi en bière il patienta à une table au fond du sombre lieu et s’appliqua à s’occuper l’esprit en sortant de sa chemise un brouillon d’épitre qu’il griffonnait secrètement depuis plusieurs jours. Des bribes de phrases, quelques informations recueillies ça et là et surtout, des lignes et des lignes consciencieusement reproduites pour apprendre à former de plus belles lettres. Son écriture était naturellement courbe et serrée, il espérait obtenir un délié plus élégant et y parvenait petit à petit, à force d’exercices. Il suspendit son ouvrage en apercevant la massive silhouette de son comparse qui approchait… Les feuilles furent pliées et remises à leur emplacement premier alors qu’il tournait son visage pensif et quelque peu préoccupé vers celui de Lakdahr. Ce dernier lui expliqua brièvement ce qui suivrait et dispensa généreusement de judicieuses recommandations qui, étonnamment, ne tombèrent pas dans les oreilles d’un sourd. Comprenant l’effort déployé par son frère de cœur, Gabriel murmura à voix basse. « T’as fait l’tour de tes connaissances pour répandre le bruit… ? Muet et touché, il contempla longuement le fer-né. Il ignorait comment le remercier et savait que l’authentique pudibonderie de son ami l’empêcherait de recevoir une gratitude trop émotive, mais il ne pouvait laisser le geste sans retour. C’est noté dans ma caboche. Merci pour tout c’que tu fais. Il agrémenta sa réplique d’une tendre mais virile – tout de même – tape sur l’épaule du titan. Petit frère. » Une ponctuation prononcée avec un sourire si espiègle qu’il méritait largement une baffe mais n’en demeurait pas moins un aveu des plus sincères sur ses sentiments.

Attablé aux côtés de son ami forgeron Gabriel regagna rapidement sa bonne humeur naturelle et trouva le goût de rire à gorge déployée. Il se répétait inlassablement les conseils que Lakdahr lui avait confiés et faisait d’innombrables efforts pour se mettre dans une condition acceptable. Il avait toujours été un homme sanguin et particulièrement sincère mais aujourd’hui, ne serait-ce qu’aujourd’hui, il devait se montrer tacticien et jouer finement les « entretiens » de la journée afin de récupérer des marins dignes de ce nom. La plupart des fer-nés qui passeraient ne seraient sans doute pas des flèches, néanmoins il n’était pas à l’abri de tomber sur plus malin ou roublard, ou pire, sur quelqu’un qui chercherait secrètement à lui nuire. Tous les scenarii étant possibles, il devait se montrer prudent et le Dieu Noyé en était témoin, ce n’était pas sa première qualité. Toutefois son inquiétude se trouvait largement tempérée par la présence à sa gauche de son comparse de toujours qui ne manquerait pas de le ramener sur les sentiers s’il dérivait au large, il en était persuadé. Tandis qu’il élevait une chope de bière et s’en rinçait abondamment le gosier une silhouette efflanquée et flageolante s’approcha de leur table et mira simultanément les deux amis de son regard perçant et corrosif. Il s’agissait d’un vieil homme bien connu sur l’île, un ancien capiston qu’on disait rendu fou par l’abus d’alcool, de femmes-sel et surtout par un coup de masse sur le crâne. Il en portait encore un impressionnant stigmate : son front s’était complètement affaissé sur la droite et lui fermait quasiment l’œil. Miracle qu’il soit encore en vie… Enfin, là n’était pas l’avis de tous : depuis qu’ils avaient perdus ses fils en mer l’ancêtre menait la vie dure à tous ceux qu’il croisait.

    « Pas ce vieux fou d’Will bordel… Avec un peu de chance, il ne venait pas pour eux. Il est vrai qu’il n’était pas connu pour sortir souvent de sa bigote, toujours est-il que… Putain. Il approche. Will n’y voyait visiblement plus clair et s’approcha fortement du duo, si bien qu’ils purent humer sa délicate haleine de hareng. Penché sur Lakdahr, il le lorgna longuement. Z’êtes une femme ou un forgeron ? De courtes secondes s’écoulèrent avant que le vieux ne ricane d’une voix aigre. Lakdahr ! J’t’avais pas r’connu avec tes ch’veux longs. Ca t’va pas. Will avait autrefois côtoyé le père du forgeron et donc sa ribambelle d’enfants, il avait gardé le souvenir de ce basané aux cheveux de jais et déjà si grand. On m’a dit qu’vous cherchiez quelqu’un pour vot’ boutre. J’suis votre homme. Gabriel glissa un regard de ses épaules à ses chevilles avec une extrême perplexité. En plus d’être aussi aimable qu’une murène affamée, Will n’était plus de première jeunesse et donnait l’impression qu’il allait rejoindre les cieux au moindre coup de vent. Néanmoins la Jouvencelle consentit un extraordinaire effort pour rester impavide et prompt à la palabre. Qu’est-ce que tu sais faire Will ? Ce dernier écarquilla son œil et le riva sur le moins haut des deux fer-nés. Z’êtes qui ? On m’vouvoie pas ! Sa lèvre supérieure frémit et il toisa cet homme aux yeux clairs. C’est vous Gabriel ? Y’a des bruits sur vous… C’est vrai que vous z’êtes le fils d’un démon et d’une pucelle ? Z’avez plus pris de la pucelle… La Jouvencelle, hin ! Gabriel se renfrogna brutalement et repoussa sa chope avec contrariété. Bon, bâtard d’Harloi, vous voulez savoir c’que j’fais ? J’suis Capitaine moi ! Ça s’voit pas ? On a déjà un Capitaine et c’est moi, vieux fou ! Moi vieux ? Vous savez même pas c’que c’est qu’une vraie bataille bande de nourrissons ! Z’êtes pas foutu d’mener un boutre sur les côtes j’parie ! Il avait fortement envie de lui faire avaler sa longue barbe et sa langue fourchue avec, mais cela n’en valait pas la peine. S’en prendre à un ancêtre qui demeurait, malgré ses lubies et travers, une célébrité locale serait une grossière erreur. Rentre chez toi, on viendra t’voir si on a besoin d’ton expérience formidable… J’ai jamais dit qu’j’voulais être avec vous deux, j’aime pas les fots-en-cul !! »

Sur cette ultime et grotesque révélation Will traina sa carcasse hors de la taverne en éructant et crachotant sur son passage. Il n’y avait au final peut-être plus rien à comprendre chez lui, il devait avoir perdu la raison depuis longtemps… Le Capitaine échangea un regard incrédule avec son frère puis soupira fortement. « J’préfère me planter un tisonnier dans l’cul plutôt que d’le prendre sur la Jouvencelle » ponctua-t-il avec malgré tout une risette railleuse accolée au coin de ses lippes. Quoiqu’il en soit cette entrevue était une mise en jambes intéressante bien que troublante sur de nombreux points. « J’espère qu’ils seront pas tous comme lui. Mais… Il humecta ses lèvres et afficha une mine pleine de fierté et d’orgueil. T’as vu comme j’suis resté calme ? J’avais envie d’lui écraser l’aut’ moitié d’son crâne à ce vieux cochon, mais j’lui ai juste dit de rentrer chez lui ! » C’était la spécialité de Gabriel que de rejouer, commenter et même romancer les aventures qu’ils pouvaient vivre ensemble. Peut-être était-ce simplement sa manière de graver les évènements dans leur esprit et de maintenir ce lien extraordinaire mais innommable qui les unissait depuis si longtemps… Depuis toujours.

    Brutalement cette douce pensée fut interrompue par une apparition inattendue. Un marin particulièrement agité s’était littéralement jeté sur leur table sans que Gabriel n’ait eu l’occasion de le voir franchir la porte de la taverne. « J’veux monter la Jouvencelle… ! » Le bougre était arrivé du côté de Gabriel sans crier gare, si bien que ce dernier se tassa de tout son poids contre l’épaule du titan sous l’effet de la stupeur. Ses prunelles céruléennes et ahuries voguèrent sur le visage secoué de tics du quidam qui, il fallait bien le reconnaître, était particulièrement bien bâti. Presque aussi grand que lui, et d’une musculature quasiment équivalente. Gabriel étendit le bras devant eux pour inviter le fer-né à prendre siège confortablement, ce qu’il fit non sans avoir tourné deux fois sur lui-même avant de déposer séant. Le Capitaine tourna lentement son visage vers Lakdahr, la mine hébétée et un rien perdue. Sur quoi étaient-ils encore tombés ? « Hum… Comment tu t’appelles l’ami ? Roxton ! » Eructa le gaillard en manquant de les éclabousser de ses fluides salivaires, l’écume au bord de ses lèvres fendues. « Putain ! Fais gaffe quand tu causes et rentre ta langue idiot ! A la suite d’un bête ricanement, le géant hocha la tête. Tu veux être marin sur la Jouvencelle c’est ça ? Oh oui ! J’aime me battre, j’ai une hache ! Regarde forgeron, regarde comme elle brille ! » Il poussa son arme sur les genoux de Lakdahr avec un franc et immense sourire, légèrement niais. Bien que de qualité modeste l’arme avait été briquée avec énormément de soin, ce qui témoignait de l’affection de son propriétaire. « Tu sais naviguer aussi Roxton ? T’es déjà monté sur un boutre ? Mh. J’aime aller sur la mer ! Mais surtout, surtout… Il se pencha vers eux, les fourches de sa pâle chevelure manquèrent de leur caresser le nez puis il murmura sur le ton de la confidence. J’adore les pièces d’or, parfois, j’ai même envie… Il se rapprocha encore davantage, arrachant un rictus dégoûté au Capitaine. De les manger ! » Il frappa de son poing sur la table et renversa du même coup la chope de Gabriel, qui rugit de mécontentement tandis que le précieux liquide ambré se répandait sur ses jambes. « Raaaaah ! Le quidam baissa les yeux sur ses gros doigts entremêlés. Ça ira Roxton ! On viendra t’voir si on a besoin ! Je gagnerai des pièces d’or ? Casse-toi ! »


Cette fois-ci le lourdaud se redressa sans demander son reste, à petits et ridicules pas précipités. Il fit toutefois volteface une fois parvenu à l’entrée de la taverne et se faufila jusqu’à eux pour récupérer son trésor le plus précieux. La hache entre ses mains rougeaudes et boursouflées il s’inclina dans un spasme pour finalement disparaître pour de bon. Le dépit commençait à s’insinuer dans les veinures du fer-né qui essuya vaguement de la paume les restes de sa bière. « J’crois qu’on ira faire ripaille que tous les deux, abandonne la forge et viens naviguer avec moi » plaisanta-t-il, non sans qu’un fond de vérité ne soit perceptible dans ses dires. Il était le premier à respecter et admirer le travail de Lakdahr mais il regrettait souvent que celui-ci n’écume pas toujours les flots à ses côtés. D’autant plus depuis que la Souris accaparait la majorité de ses nuitées.

    « Vous f’rez ripaille avec moi si vous avez de la chance » articula une voix près du comptoir. Encapuchonné, un homme relativement court sur pattes se tourna alors vers les deux attablés. « Je cherche un équipage qu’en vaille la peine. » Il fit tomber le tissu sur ses épaules, dévoilant alors sa physionomie. Son visage était balafré d’une longue cicatrice qui passait entre les deux yeux – d’un étonnant violet – pour s’achever à la commissure des lèvres. « J’comptais aller offrir mes service à la Veuve Salée. C’est un gros boutre, et le Harloi est un bon cap’taine, souffla-t-il d’une voix morne et détachée, mais vous avez pas l’air d’être des incapables non plus. Qui t’es ? Orys. Si t’as déjà entendu parler de moi, c’est sûrement à propos d’comment je pisse de la bière et tue les p’tits garçons qui me regardent de travers. » Un rire grave et rocailleux perça les lippes de Gabriel mais leur vis-à-vis resta invariablement neutre, quoiqu’une risette quasiment imperceptible orna furtivement son faciès. « C’est pas une description qui m’déplaît. Mais dis-moi Orys, pourquoi t’es là et pas en train d’lécher les bottes du p’tit frère ? » L’entaillé quitta le comptoir pour approcher du siège laissé vacant et s’y installa. « J’ai eu vent d’votre petite chicanerie. C’est pas joli-joli d’se massacrer entre fer-nés, entre marins, mais entre frères ! J’me suis dit qu’il fallait qu’j’prenne la température de ton camp également, j’aime bien savoir où j’mets les pieds et sur quel parti je place mes burnes. » Le Capitaine en déduisit aisément qu’Orys était partagé sur la personnalité de Sargon, car il n’y avait pas commune mesure entre la Jouvencelle et la Veuve : plus grande, massive et belle, la Veuve était un premier choix. C’était le moment d’appliquer le conseil de l’Edenteur et de sortir la carte de la religion… « La Jouvencelle est un boutre véloce et prometteur. Je change d’équipage pour ne plus servir les intérêts d’un seul – inutile de le nommer, le sous-entendu était suffisamment palpable – mais pour suivre ce en quoi je crois. Elle prendra les ressources des continentaux pour enrichir les Îles de Fer et noiera les guerriers du continent qui s’opposeront à elle, comme le veut l’Antique Voie. » Orys guigna alternativement les deux guerriers, chercha à les sonder de son regard perçant. Il parut sensible à l’argumentaire comme l’escomptait Gabriel puisqu’à présent, un fin sourire ne quittait plus son visage buriné par le sel. Après un ricanement pensif il rompit le silence, « Je sais me battre, je sais ramer mais surtout, j’ai les meilleurs yeux de tout Pyk. Mettez-moi en haut du mat ou en tête d’la Jouvencelle et vous pourrez abattre ces chiens de continentaux avant même qu’ils vous voient. Sa langue rouge passa sur ses lèvres frémissantes d’excitation. Faudra quand même en laisser quelques-uns en vie, j’adore sacrifier ces chevaliers à not’ Dieu, voir leurs yeux plein d’terreur se vider de toute vie tandis qu’leurs poumons d’nobliaux se remplissent d’eau et de sel… » Celui-ci semblait avoir un intérêt mais Gabriel voulait laisser l’occasion à son comparse de poser des questions s’il en avait et de s’assurer de la qualité et du mérite de ce potentiel nouveau gabier. Ainsi il garda le silence, ses yeux azur et intenses fixés sur le quidam.
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Lakdahr l'Edenteur

Lakdahr l'Edenteur
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♦ Age : 32
♦ Date de Naissance : 06/12/1991
♦ Arrivée à Westeros : 08/05/2012
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♦ Age du Personnage : 26 ans
♦ Mariage : Serenei ( Femme-sel )
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Sam 25 Aoû 2012 - 23:03

Le plan était concis, il doutait pouvoir faire plus aisé mais cela ne signifiait pas qu'ils gueuletonneraient de victoire plus que de désespoir une fois rentrés au bercail. Que cette quête aux matafs s'étende sur plusieurs lunes n'aurait rien d'invraisemblable, et quand bien même pourraient-ils être frénétiques à la tâche, ils n'étaient guère assurés de succès. Les meilleurs boutres s'étaient d'ores et déjà arrogés les quelques fer-nés aptes à savoir par quel bout manier le cimeterre, et si cette idée était une hyperbole à proprement parler, les excellents éléments étaient en voie d'extinction sur un archipel aussi limité que le leur. Cependant, la providence souriait seulement à ceux qui s'investissaient, fruits du labeur point toujours récoltés – à moins que les bonnes poires ne décident de ramener leur fraise ! - ils auraient au moins le loisir d'avoir bonne conscience sur leur tentative vaine ou non. Lakdahr y mettait son soûl et sa notoriété, nulle preuve plus éloquente que ces efforts volontairement déployés mais lesquels, selon lui, ne devaient lui valoir la gratitude du géant aux prunelles de quartz. Il doutait qu'une chose improbable à réaliser puisse exister lorsqu'il était question de l'autre, il agissait avec le même zèle que Gabriel l'aurait fait le concernant, infus et irréfragable, telles deux ronde-bosses de roche qui soutenaient la même voûte céleste d'une commune poigne et volonté. Un acte de tout aspect naturel qui n'attendait guère plus qu'une contention similaire de la part de son homonyme, qui malgré tout, ne put résister au retors de sa sensibilité. L'éclat émotif qui naquit sur son faciès fut un signe avant-coureur que le forgeron ne manqua pas de remarquer, prophétisant ainsi l'attitude sentimentale qu'il n'avait de cesse d'avoir dans ce genre d'instance. Il en fut accablé, ainsi guigné comme s'il avait été une donzelle lui ayant déclaré sa flamme dans le plus franc romantisme – ce n'était pas le cas ! Ses calots roulèrent alors qu'il posa ses avant-bras sur la table, rachis légèrement arrondi en attendant que son faro lui soit délivré pour se rafraîchir le gosier. Leurs conversations suivantes divergèrent de sujets bien heureusement, les faisant parfois opiner de rires foudroyants comme d'interjections mécontentes sur les récents évènements qui ébranlaient les îles et donc leur existence. Ce fut alors qu'il gobelotait sa pinte qu'il entendit la plainte de son camarade, suivant l'axe de son regard pour remarquer un galbe bien connu du coin. Son idée commençait visiblement à faire son effet, mais peut-être pas comme il l'avait espéré...

Il plissa les mirettes avec méfiance face au géronte, puis prit un recule instinctif à l'arôme de son haleine qui manqua de lui faire rendre sa dernière pitance. « Pouah ! » La répulsion lui arracha un frémissement alors qu'il essuyait l'injure avec toute la dignité d'un mestre fêvre digne de ce nom, jugeant qu'outre un indéniable détail phallique, sa toison était sensiblement trop développée pour qu'il soit une drôlesse. L'échange ne l'intéressa nullement en sachant qu'il préférait musarder séant à l'air dans un lupanar de sodomites que bourlinguer aux côtés d'un quidam tel que Will, dont il connaissait parfaitement la réputation. Il estima vain de cracher quel que mot que c'eut été, laissant ce soin à celui qui était encore le premier concerné de toute leur démarche et qui eut promptement fait de se débarrasser de l'importun. Non seulement son discours était inintelligible pour le commun des mortels, mais il osait en plus les insulter sans pincettes. Si l'Histoire ne le désignait pas comme dément depuis un bon lot d'années, nul doute que l'Edenteur aurait illustré le terme de fot-en-cul à l'aide du manche d'Astaroth, et tant pis si l'odeur devait rester sur les mains de Gabriel ensuite. Il s'orienta par ailleurs vers ce dernier lorsque la menace s'en fut retournée, l'air incrédule comme faussement persuadé qui la scène qui venait de se jouer n'avait été que le fruit gâté de leur imagination. Il haussa finalement les épaules, prêtant l'oreille à la mignarde rodomontade qui ne l'étonna point. « Pour le coup j'crois que j't'aurais laissé faire... » S'ensuivit un tressautement à la hauteur des plus grandes comédies burlesques, si bien que les deux comparses en étaient presque venus à s'entrelacer de frayeur. Ahuri, il suivit la mouvance de l'étrange créature qui les avait rejoints, aussi préoccupé par la santé mentale de leur vis-à-vis que pour l'avenir de la Jouvencelle avec un matelot de cet acabit. Nouvel automatisme, il se pencha en arrière et protégea hâtivement le contenu de sa chope de l'ondée salivaire qui s'abattit sur eux, avant de se retrouver avec une arme sur les cuisses. « M'ampute pas au passage couillon ! » Geignit-il en sentant le tranchant un rien trop appuyé sur sa carne crurale, puis il examina la facture de l'objet, l'oeil critique mais agréablement surpris. Succincte expertise après laquelle il rendit le bien à son propriétaire sans commentaire, celui-ci leur confessant un fétichisme pour le moins déstabilisant et qui finit de lui retirer toute vraisemblance. Une fois encore, le forgeron eut un fulgurant réflexe en empoignant sa chopine avant qu'elle ne chut, puis il se décala furtivement pour éviter les éclaboussures de bière alors que le manchot se faisait aimablement congédier. Le titan soupira, les jeux étaient loin d'être remportés et il se demanda quels écueils les attendaient encore. Puis vint Orys, intriguant et sûr de lui, qui sut se tenir autant que poser des questions adéquates non sans soulever l'intérêt des recruteurs du jour. Une fois qu'un silence réflectif fut venu, Lakdahr fit vibrer ses cordes vocales.

« J'ai entendu parler d'toi, et pas que de p'tits garçons ou de pissat... Tu t'es détaché d'ton dernier boutre on dirait... » Bien qu'il n'en précisa rien, les ouï-dires dont il parlait étaient pour l'ensemble positifs et il possédait un atout oculaire particulièrement intéressant, bien qu'un intérêt qu'il fallait savoir attirer si l'on ne voulait pas qu'il migre sur un autre pont comme il le faisait présentement. « R'tourne picoler au comptoir tu veux, on t'prévient dès qu'on bouge. »

Ce n'était pas à lui de soumettre la décision finale, mais il était persuadé que la réponse était toute faite et ce fut pour cette raison qu'il lui insinuait de se tenir prêt. Orys les guigna avec un air curieusement chafouin, qui n'était pas sans le rappeler les allures de sa souris lorsqu'elle n'en pensait pas moins, puis il quitta la table pour retourner à sa place initiale. Les phalanges de l'Edenteur tracèrent les pourtours de sa barbe d'ébène, songeur et tentant d'imaginer cette longue-vue humaine à leurs abords. Jusqu'alors, ils avaient toujours pu, dans une moindre mesure, éviter les embarcations antagonistes non sans une vigilance qui ne pouvait que croître en intensité. Un sens de cette acuité leur serait irréfutablement utile, une opportunité à ne surtout pas laisser filer entre les mailles. « Et un mataf, un. » Conclut-il en souriant à son acolyte, puis il prit un gorgeon de son breuvage avant de remarquer une petite tête brune immobilisée auprès d'eux. Un garçonnet de moins d'une dizaine d'années les mirait d'une mimique outrageusement outrecuidante, à l'instar d'un général de guerre venu plaidoyer avec les malheureux ostrogoths. Mutisme de rigueur, il soutenait sans mal les regards des fer-nés qui eurent alors le loisir d'entendre la meilleure galéjade de tous les temps. « J'veux en être. » Souffla le petit homme dans une presque sommation, une phonation péremptoire qui tira un air pyrrhonien au plus imposant des deux géants. Celui-ci tourna lentement la tête vers son homologue, même incapable de railler de la situation tant elle était inouïe. « Qu'est c'tu fous là Tit'rat ? T'es sourd ou quoi ? J'veux en être j'ai dit, la Jouvencelle, tout ça. Tes burnes sont même pas descendues qu'tu veux t'mêler aux grands ? T'sais même pas encore c'que c'est que des miches. Si j'sais, ma mère en a des énormes. Elle en a ou elle en fait ? J'parle pas d'pain ! Dans les deux cas ça s'enfourne, elle est où ta mère ? Cause pas d'ma mère !! » Cette fois, le mestre fêvre se gaussa ouvertement, tiraillé entre un profond désespoir qui lui fit conglomérer son front à la table et un impromptu égaiement qui lui fit travailler la ceinture abdominale. Dans une expiration à la lisière du moribond, le colosse se déplia de toute sa stature, emprunta la fidèle Astaroth puis entreprit de faire le tour du meuble pour faire face à l'intrépide polisson qui ne lui arrivait pas même au bassin. « C'quoi qui t'intéresse ? Tuer du continental ? Ouais, mérite tous de crever ces enfants d'chiens. D'accord, v'là ce qu'on va faire, si t'arrives à te déplacer avec ça sur l'épaule, on t'enrôle d'suite. » Epreuve perdue d'avance mais qui n'empêchait pas le forgeron d'être parfaitement sérieux. Il laissa la tête de l'arme choir sur le sol à en faire frémir le plancher, puis la plaça dans les menottes du petit garçon qui, envers et contre tout, y voua toute sa force pour essayer de mouvoir le marteau. Plusieurs stratégies furent adoptées, certaines pour le moins insolites qui ne manquèrent pas d'amuser les spectateurs, puis après moult essais, Tit'rat eut la sudation au front et pas uniquement. « Allez tire-toi, reviens quand t'auras du poil au torse. Tu l'regretteras ! Ouais c'est ça, dis à ta mère que j'arrive lui bouffer la mie. »

Lakdahr imita un baiser en direction du garçonnet qui, plus qu'offusqué, sortit en courant de la taverne pour, probablement, aller se cacher dans les miches maternelles. Guère incommodé par l'attitude du saugrenu candidat, il était toujours agréable de constater le fer et le sel dans l'essence des générations futures, encore trop jeune pour vociférer vendetta après une telle brimade. Un brin profiteur, il l'admettait, le titan se souviendrait longtemps de cette entrevue du troisième type, surtout alors qu'il croisait le galopin de manière fréquente aux abords du bastion de Pyk. Quand bien même fût-il apprécié du forgeron, leurs recherches méritaient un tant soit peu de sérieux et c'est ainsi qu'il retrouva son siège après avoir rendu la belle à son ami. Attention derechef portée sur son faro, il ne fallut que bien peu de temps avant qu'une énième intrigue ne pousse les huis de la pièce. Cependant, à peine aperçu, l'Edenteur se rida de fureur et ses biceps s'en contractèrent d'avance. Il crut dès l'abord que cette rencontre tenait de la contingence, hypothèse sitôt réfutée lorsque le fer-né contempla la salle afin de les identifier, puis de se diriger vers eux. La sombre oeillade qui l'accueillit présageait un échange houleux et d'ores et déjà condamné au refus, du moins de la part d'un certain artisan qui ne perdit d'ailleurs point une seconde pour tancer le nouveau venu, sensiblement plus jeune qu'il ne l'était lui-même. « Comment t'oses t'présenter devant moi p'tit enfoiré ?! C'est comme ça qu'on reçoit un vieux pote, Lak ? Va crever la bouche ouverte sur l'récif ! J'suis déçu, nous qui avons si souvent fait affaire ensemble, tu vas m'faire pleurer. Mais tu m'prends vraiment pour un con ?! » La voix de rogomme du goliath gagnait en animosité au fil des crédits voisés de goguenardise du quidam, qui n'était incontestablement pas le bienvenu. Tous deux s'étaient effectivement confondus en collaborations naguère, une entente courtoise jusqu'à une récente disconvenance encore présente sur les papilles du plus grand. Ils se toisèrent, l'un avec l'indicible envie de porter l'estocade à grand coup de hache, l'autre avec une gouaille teintée de méfiance, gambettes promptes à la dérobade si jamais les choses devaient dégénérer. Et telle était la voie qu'elles empruntaient lentement mais assurément alors que le poing du premier heurta brutalement la table – renversant la pinte de Gabriel au passage, une fois encore ! « T'crois que j'me suis pas rendu compte que tu m'avais volé une arme ?! C'est pour ça que t'es allé t'réfugier chez ton oncle à Grand Wyk tout c'temps, et t'as eu raison, parce que ça va t'coûter une dent ! Wooh ! Hé ! Faut tenir ton corniaud en laisse, Gabriel. » Le bougre se tourna vers ce dernier. « Et sinon, à propos de l'équipage... Demande même pas, enculé ! Jamais t'en feras partie ! C'est au capitaine que je parle. J'vais t'capitainer droit dans ta gueule tu vas voir !! »

Le forgeron bondit littéralement par-dessus la table pour agricher le trouble-fête qui eut la célérité nécessaire pour l'éviter et s'en retourner à toute allure, aussitôt talonné par un arracheur de dents qui rêvait d'user de ses tenailles. Le fer-né aux diaphanes iris se retrouva seul attablé, abandonné sans même de gueuze – si ce n'était sur ses vêtements - pour se consoler, et il n'était pas dit que son acolyte de toujours reviendrait avant d'avoir spolié un trophée qui lui revenait de droit. Un marin jusqu'alors tassé dans une encoignure de la taverne se leva, puis rejoignit le capitaine délaissé en s'installant face à lui, la marche sensiblement clopinante. « Toujours aussi bruyant, ce Lakdahr hein ? Vous deux ensemble sur un même boutre, ça doit être beau à voir. » L'anonyme commanda une trinité de chopines, qui furent déposées devant eux. « J'suis Eralt, tu te souviens sûrement pas de moi, mais moi, j'me rappelle de toi. L'fils de Lanna hein ? On s'est connus quand on était plus jeunes, j'trainais à Dix-Tours à l'époque. Bref, on s'en bat les roustons. J'ai entendu c'que t'as dit à Orys tout à l'heure... En fait, j'ai tout entendu d'puis que vous vous êtes assis avec l'cogneur de fer... T'aimes contrarier ton frère alors ? On m'avait dit que votre relation s'était dégradée, mais j'pensais pas à c'point. » Il prit sa chope et s'hydrata un coup. « Bon, naviguer avec vous, ça m'dirait. J'suis bon rameur, mais j'ai mieux à t'offrir. J'ai des connaissances en charpenterie, j'peux lui faire reluire la vulve à ta Jouvencelle, t'vois le genre ? Si l'boutre essuie des dégâts durant une razzia ou quoi que ce soit, j'peux réparer le gros en attendant de regagner les Iles. Pratique non ? » Il renâcla bruyamment. « L'seul souci tu vois, c'est que j'ai été blessé durant une bataille, j'traine un peu la patte. J'sais très bien m'servir d'une arme, mais j'cours moins vite, donc faut me mettre en dernière ligne. Ca t'gêne en quelque chose, cap'taine ? »

Tirade à peine ponctuée que le galbe de l'Edenteur réapparut dans le Vieux Crayrin, visiblement contrarié, les mains propres signe que l'énergumène était parvenu à s'échapper – et il ne le dirait pas, mais il avait manqué d'embrasser quelques poutres au passage... La vie est ardue avec deux mètres de hauteur. Il revint poser sa croupe sur son siège en maugréant des propos abscons seulement destinés à le faire râler, ce qu'il fit d'autant plus en voyant sa pinte vide. Fort heureusement Eralt, poussa précautionneusement l'une des chopines qu'il avait commandées en direction de l'artisan, qui ne le remarqua qu'à la suite de ce geste. Intrigué, il guigna alternativement le fer-né dont les traits ne lui étaient pas inconnus et Gabriel, dans l'attente d'informations.
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Homme d'Armes
Gabriel

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Capitaine de La Jouvencelle

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♦ Date de Naissance : 25/02/1992
♦ Arrivée à Westeros : 01/04/2012
♦ Célébrité : Michael Fassbender
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♦ Doublons : Shaïra Seastar, Maël, Velanna Vance
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♦ Lieu : Île d'Harloi, Dix-Tours
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Sam 6 Oct 2012 - 3:15

Gabriel échangea un regard complice avec son comparse de toujours : il en avait un, au moins un ! Premier d’une longue liste, il en était à présent certain. Avec un peu de chance, les deux premiers cas seraient des erreurs de parcours isolés… Naïveté, certes, mais la suite des réjouissances allait se révéler plus divertissante encore. Tandis que la bière coulait copieusement dans leur gosier un petit bonhomme d’une dizaine d’années se planta devant eux sans piper un seul mot. Lakdahr parut pourtant le reconnaître immédiatement – les attributs de sa mère ne semblaient pas être étrangers à cette circonstance – et il ne tarda pas à le… Taquiner à sa manière. Il fit tourner le gosse en bourrique et ce dernier fut assez fier et crédule pour croire qu’il avait une chance de remporter le saugrenu pari, qu’il abandonna après s’être échiné de longues minutes à tenter de soulever l’immense Astaroth. Tit’rat envolé et son forgeron revenu à ses côtés, Gabriel lui adressa une franche risette amusée et avança d’un phonème rieur. « C’bon d’voir qu’les fer-nés ne dessalent pas d’une génération à une autre ! Mais à cet âge-là aussi, t’aimais bien t’consoler dans les miches d’ma mère. » Si sa braavosi de mère n’avait jamais été d’une affection folle, elle avait toujours témoigné plus de sentiments envers l’ami précieux de son enfant. Pourquoi ? Il ne le saurait sans doute jamais… Inutile également d’essayer de deviner, Lanna serait toujours un puits de mystères comme se doit de l’être toute courtisane de renom.

Quelques instants plus tard un autre quidam fit son entrée et avança vers le duo de fer-nés, pourtant Gabriel comprit très rapidement que cette entrevue-là était destinée à l’échec. Il connaissait bien son ami et ses attitudes ne le trompaient que rarement… Par ailleurs les sentiments de Lakdahr à l’égard du malheureux étaient limpides : il voulait l’étriper sur le champ. La raison de l’inimitié il l’ignorait encore mais elle fut rapidement mise à jour… Le fou ! On ne trompait pas l’Edenteur impunément et il allait le souligner lorsque – encore ! – sa pinte fut renversée et son maigre contenu éparpillé sur ses genoux. « Ah putain d’merde !!! » Tout à sa consternation, il grogna simplement quand « l’ami » du forgeron tenta de l’interpeller… Puis quand il releva ses quartzs sur la scène, toujours râlant et pestant sur son sort, le bougre détalait comme un lapin poursuivit par un méchant – très méchant – ogre. Une scène particulièrement cocasse sauf peut-être pour les deux principaux concernés ! Quoiqu’il en soit, le pirate avait été bien fou de se présenter tout en sachant que l’Edenteur avait une dent contre lui… Quiconque avec un peu de bon sens ne viendrait pas se frotter à un colosse de six pieds de haut capable de vous arracher la mâchoire avec ses paluches. Et quand bien même il avait espéré ne trouver que Gabriel face à lui – chose particulièrement improbable, mais passons – il devait bien se douter que le pot-aux-roses serait découvert et qu’il finirait par se retrouver nez-à-nez avec son némésis. Imbécile, pour la peine, il méritait bien quelques dents en moins. Désormais seul Gabriel reposa son échine contre sa chaise dans un soupir, jusqu’à voir un nouveau venu qui approchait. Un estropié ? Il boitait tout du moins et s’attira un regard interloqué du fer-né qui malgré tout, l’écouta avec une attention retrouvée. « Humf, ouais… J’ai perdu une bière et un grand forgeron là, y a plus rien qu’est beau à voir. Une chopine pleine parvint jusqu’au creux de sa main et lui fit retrouver le sourire et une humeur plus aimable. Eralt ? Ouais, j’me souviens… Tu clopinais moins à l’époque, c’est ma mère et ses hanches bien rondes qui t’ont fait ça ? » Il ricana, portant la gueuze jusqu’à ses lippes. Il garda le silence pendant la suite du discours et se garda de donner réponse à la remarque sur Sargon. Puisque le forban avait d’ors et déjà écouté ce qu’il avait dit à Orys nul besoin d’user sa salive pour répéter son boniment… Il n’avait plus rien « d’aimable » à dire à propos du Harloi. Il réfléchit ensuite posément à ce qu’Eralt avait présentement à lui offrir… Des rameurs, des gros bras, ils en trouveraient par dizaines. Un charpentier en revanche… Voilà qui était plus rare. Et intéressant, très intéressant. L’handicap du bonhomme lui parut alors tout à fait secondaire et il accueillit la « condition » posée par Eralt d’un haussement d’épaules confiant et d’une gouaillerie de circonstances « Moi ça m’gène pas, c’est toi qui chouinera parce que tu t’taperas que les restes d’continentaux qu’on aura voulu t’laisser ! » Finalement Lakdahr retrouva sa place près de lui mais semblait particulièrement contrarié… Il n’avait pas rattrapé sa cible mais eut droit à une pinte réconfortante. « Le lapin a filé mais tu lui boufferas l’râble une autre fois… J’te présente Eralt. Charpentier, rameur, guerrier. Et boiteux pour l’charme. Il prit une longue gorgée du faro et termina sa lampée sur une conclusion de rigueur. Il est des nôtres ! »


Comme prévu les deux géants des Îles de Fer avaient arpenté de long en large l’archipel rocailleux pour dégotter un équipage digne de ce nom pour la vaillante Jouvencelle. Chaque mataf avait été sélectionné parmi des dizaines parce qu’il présentait une qualité, une capacité ou un talent particulier qui le distinguait de la masse grouillante de quidams tous semblables les uns aux autres. En effet de par sa modeste dimension le boutre de Gabriel ne pouvait voguer qu’avec une vingtaine de guerriers à son bord dont dix se retrouvaient assignés aux rames. Un défaut de prime abord – personne ne pouvait le nier – mais que le Capitaine et son acolyte forgeron avaient su tourner en avantage incontestable car ils pouvaient rehausser leur niveau d’exigences. La quantité ne déterminant pas la qualité et les gros bâtiments comme la Sirène Noire, La Veuve Noire et la Veuve Salée ayant d’ors et déjà pompé une bonne part des corsaires disponibles sur leur atoll, ils devaient constituer une équipe solide, complémentaire, et fidèle. Il est plus facile de tenir une vingtaine d’hommes ensemble, dans une cohésion harmonieuse, qu’une cinquantaine d’individualités disparates et aux intérêts souvent discordants… Nul n’était en mesure de le nier. Tractations et entretiens sur Pyk s’étaient enchainés à une vitesse folle, le duo de titans avait vu passer un nombre incalculables de guignols de première classe et essuyer plusieurs candidatures pour le moins fantasques. Toutefois parmi eux s’étaient glissées quelques perles rares qu’ils n’avaient pas manqué de dénicher et de ranger à leurs côtés, parfois aisément, d’autres fois ardument et au prix d’âpres négociations. Le résultat final ne manquait pas de sel et brillait par son stupéfiant – et quelque peu troublant à première vue – hétéroclisme. Ainsi à bord de la Jouvencelle allaient se côtoyer l’étrange Orys aux yeux perçants, Eralt le charpentier, des guerriers maniant la hache comme s’il s’agissait d’une extension naturelle de leur bras… Parmi ces derniers, certains valaient bien tout le mal qu’ils s’étaient donnés pour les déceler ! Tous s’étaient attablés chez le Vieux Crayrin si bien qu’il avait fallu pas moins de quatre tables en bois massif pour accueillir cette pléiade de gros bras qui se connaissaient parfois depuis des lustres, résultat de divers facteurs : qu’ils aient mangé au même sein, échangé des balafres ou sailli une catin l’un après l’autre, les bourlingueurs des Îles de Fer avaient moult occasions de se rencontrer. Tous munis d’une pinte plus ou moins pleine selon la descente de chacun, ils pictaient dans de grands éclats de rire et n’hésitaient pas à se servir directement sur les trois grosses poulardes rôties qui trônaient sur les tables.

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Les mains grasses et la bouche pleine, le vétéran de l’attablée frappa de sa puissante poigne dans le dos de son nouveau capitaine. « R’pense à c’que je t’ai dit capitaine, je serai surement l’meilleur second que t’ais eu d’toute ta vie ! J’crois pas vieille carne ! L’rôle est déjà pris, et par plus gros qu’toi ! » Railla Gabriel en guignant le titan qui ripaillait à ses côtés. Stern avait beau avoir pris place à sa droite, celui qui était à gauche demeurerait toujours son second, le seul et unique, qu’il ne remplacerait jamais. « Boah, quand l’géant est pas là l’vieux lion danse ! L'géant est jamais loin. » Il est vrai que les absences du forgeron n’étaient pas rares, il était alors envisageable que dans cette conjoncture exceptionnelle le loup de mer emprunte cette place d’honneur... Ce qui impliquait d'accepter qu'une fois Lakdahr de retour, Stern lui cède la place sans objecter ni même rechigner. Le temps et la navigation en décideraient.

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« R’garde moi ça ! Ça a presque plus d’dents et ça veut prendre la tête de proue ! » Lâcha le fougueux Hawke, installé face aux deux comparses de toujours. Il devait avoir l’âge de Lakdahr mais il lui arrivait péniblement à l’épaule… Cependant sa musculature devait être équivalente à celle de l’Edenteur, en voilà une physionomie qui avait de quoi faire frémir les Continentaux ! Tout disposé à ramer et à écraser des crânes à tour de bras, il leur adressa un sourire carnassier qui dévoila des canines particulièrement blanches et affutées.

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« J’ouvrirais pas trop la gueule si j’étais toi, t’oublies qu’t’as l’Edenteur en face de toi ! Ricana Duwyn en bout de table. J’paierai cher si tu m’façonnes une belle hache avec une dent d’ce jeune loup sur le sommet Lakdahr ! J’vous pisse dessus ! » Loin de dégénérer l’échange se termina sur des rires gras et le tintement sonore des pintes nouvellement pleines et apportées par une petite serveuse rouquine aux multiples taches de rousseur – et à la poitrine généreusement lorgnée par les quidams.

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Le père de Duwyn, Andor, secoua sa longue crinière blonde dans un soupir rocailleux. C’était un homme d’un naturel taciturne, d’une fidélité exemplaire et connu pour ses jets de hachettes scalpant. Un bon gars, en somme ! « Gabriel, je commence quand ? Dès qu’tu peux, tous ceux qui sont là font maint’nant partis d’l’équipage. » Parmi d’autres talents le fer-né était un armurier efficace qui procédait de la même manière que Lakdahr : contre couvert, logis et virées en mer, il offrait ses services et façonnait côtes de mailles, gants et autres équipements de qualité. En devenant marin sur la Jouvencelle il avait accepté de harnacher tous les nouveaux matafs, ce qui faisait de lui une recrue particulièrement précieuse et efficace.

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« Tu m’en f’ras une comme j’les aime Andor, avec de la dorure ! » Lança la seule femme de l’équipage, mais non des moindres. Une immense et furieuse femme aux cheveux flamboyants, aux yeux émeraude et au visage émacié qui se faisait appeler « Bichette ». A défaut de connaître son vrai patronyme, tous devaient l’interpeller ainsi pour capter son attention. « Je ne sais pas, tu es trop grande, ça va me demander trop de fer. » Elle miaula de mécontentement, bien que la remarque restât justifiée. En effet grande était un faible mot pour la nommer puisque « Bichette » distançait Gabriel et pouvait se targuer d’avoisiner, à deux ou trois centimètres près, le métrage du titan des Îles de Fer. Titan qu’elle semblait ardemment convoiter. Elle s’était débrouillée pour s’asseoir à la place à côté de lui et multipliait les tentatives d’approche, au grand dam d’un Hawke qui curieusement trouvait du charme dans cet être androgyne. « Hé Bichette, j’en ai trouvé d’la dorure moi, j’l’ai prise sur le cadavre d’une fille du Bief ! Aw ? Donne. C’pas gratuit, faut payer l'fer-prix… Souffla-t-il en roulant des épaules, son regard éloquemment abaissé sur son entrejambe. Sérieusement Hawke ? Faudrait qu’elle ait une sacrée bonne vue pour la voir ta queue ! Parait qu’la tienne tu la sors pas tous les jours mon Capitaine ! Tu la veux dans ta gueule ?! » Rugit le concerné en foudroyant le coupable de ses quartz étincelants. Toutefois ce tintamarre ne provoqua qu’un haussement d’épaules chez la rouquine qui s’exclama « Vous m’intéressez pas, les freluquets ! » Et sur cette insulte elle tourna son faciès vers le forgeron dont elle vint copieusement lécher la joue, provoquant le rire tonitruant d’un Gabriel hilare. Bien que la scène était exquise et promettait son lot de folies en tout genre, une sensation rugueuse contre son torse rappela au fer-né qu’il devait parler de quelque chose à son frère de cœur… La lettre entamée et brouillonnée dont il n’avait pas encore osé lui parler reposait toujours à l’intérieur de son gilet, tout contre sa peau. De plus ainsi assailli, Lakdahr saisirait sans doute l’occasion qu’il lui offrait de s’échapper quelques instants. « Lak, j’dois t’causer d’un truc important en privé. On était occupés ! Occupe-toi ailleurs pendant c’temps ! » Rabrouée la guerrière reporta sa rage sur sa pinte, qu’elle vida cul sec sous les « Bois ! Bois ! Bois ! » des autres folâtres matafs.

Les attentions détournées Gabriel entraîna son homonyme à l’extérieur de la taverne à l’ambiance brûlante et enjouée pour rejoindre le vent froid et la rocaille de Pyk. Un changement brutal qui l’amena à aborder le sujet qui le préoccupait plus directement. « Sacrée équipe ! Mais c'pas d'ça dont j'veux te parler maint'nant... Tu te souviens d’cette femme de Dorne dont j’t’avais parlé ? Après tout rien n’était certain, ils n’avaient fait que la croiser… Le temps d’un regard… Bah j’arrête pas d’y penser, j’arrive pas à m’la sortir de la tête. Alors du coup… J’ai imaginé un plan. Et seuls Lakdahr et le Dieu Noyé pouvaient prévoir que cette annonce ne présageait rien de bon ! J’aimerais juste pouvoir la rencontrer, j’suis sûr qu’après l’avoir revu ça m’obsédera plus. Mais c’est une noble, elle voudra jamais… ‘Fin, tu vois. Du coup, j’me suis dit que j’pourrais me faire passer pour un noble. De l’Ouest ! On leur massacre la gueule d’puis tellement longtemps qu’on commence un peu à les connaître… ! Sans se préoccuper de savoir si Lakdahr le suivait – ou bien il ne voulait tout simplement pas voir la tête qu’il pouvait faire en ce moment – il continua son récit, prompt à déballer tout son sac et à raconter l'intégralité ce qu’il emmagasinait depuis des lunes. J’compte d’abord lui envoyer des lettres pour voir comment elle va réagir. J’me suis entraîné. Il sortit de son gilet les preuves de son forfait. J’espère qu’elle répondra… Et au bout d’quelques temps à baratiner un peu j’l’inviterai à venir me rencontrer. J’crois que bientôt ils vont tous se retrouver à la capitale pour une grande réunion, l’Conseil Restreint que ça s’appelle, elle passera dans l’coin alors ce sera le moment ! J’pourrai la voir puis… Puis voilà, j’improviserai. Le flou du plan prenait là toute son essence. T’en penses quoi ? » Le simple fait qu’il ose poser cette question prouvait bien qu’il était plongé dans son délire jusqu’au cou – si tant est que Lakdahr en doutait encore – et ne se rendait absolument pas compte de l’incongruité que pouvaient contenir ses propos.
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Artisan
Lakdahr l'Edenteur

Lakdahr l'Edenteur
Artisan

Général
- Mestre fêvre -
Bâfreur & Guerrier

♦ Missives : 1390
♦ Missives Aventure : 121
♦ Age : 32
♦ Date de Naissance : 06/12/1991
♦ Arrivée à Westeros : 08/05/2012
♦ Célébrité : Kevin Tod Smith
♦ Copyright : Luchadora
♦ Doublons : Alrik Mallery - Séraphine - Jeyne Estremont
♦ Age du Personnage : 26 ans
♦ Mariage : Serenei ( Femme-sel )
♦ Lieu : Les Iles de Fer
♦ Liens Utiles :
Feuille de Personnage
Feuille de personnage
Inventaire:
Jauge de réputation Jauge de réputation:
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Dim 14 Oct 2012 - 16:43

L'aigreur aux papilles, le gibier pouvait courir et musarder sur les pierrailles tant que ses pattes n'étaient pas encore décharnées. Le terrain de chasse n'était pas tant vaste, avec lui, les caches où se clapir étaient limités et si la patience n'était pas le fort du mestre fêvre, il en ferait preuve, encouragé par la perspective de se repaître un jour du pauvre animal qui s'était joué de lui. Son humeur entamée risquait de stagner à ce point de précarité si son frère de coeur ne s'attelait à la tâche qui était naturellement sienne : le faire promptement passer à autre chose avant qu'il ne se mette à ruminer sa rancune pour le reste de la journée. Et par leurs déités de bourrasques et marrées, le temps allait être long et la besogne puissamment éreintante au rythme par lequel ils avaient entamé les festivités. Par ailleurs, les affaires rappelaient l'attention de l'Edenteur alors qu'un hypothétique et visiblement déjà enrôlé mataf dit lancinant s'était présenté au capitaine du boutre concerné durant sa succincte absence. Il l'envisagea sans précaution puis eut un frêle haussement d'épaule témoignant de sa neutralité à défaut de son accord, si son ami avait eut jugement à l'ajouter à son arroi, c'était inexorablement pour une bonne raison. Déjà deux maquereaux dans leurs filets, la pèche commençait à être fructueuse et nul doute qu'ils poursuivraient sur la même fortune, et surtout, la même privauté qui les caractérisait. Pour marquer ce nouvel arrivant d'un digne symbole, le colosse attrapa sans tarder la chope commandée à son attention et, après l'avoir brièvement levée pour en vouer la consommation aux homologues attablés à ses côtés, en consomma plusieurs grandes lampées. C'était ainsi que les contrats étaient officialisés parmi la plèbe d'ostrogoths salés, et aujourd'hui, le faro n'aurait de cesse d'affluer dans les gosiers, car d'autres oeillades se portaient avec une discrétion fardée sur l'infrangible binôme qui ne manquait jamais de se faire remarquer. Et de bons éléments, malgré tout, ils semblaient en appâter, ce qui suscitait un intérêt naissant chez ceux qui, passifs jusqu'alors, s'étaient interrogés sur le sérieux et la fiabilité des deux jeunes guerriers. Les abouchements s'étaient succédés avec une réussite mitigée, si bien qu'ils avaient délaissé la taverne du Vieux Crayrin pour glaner sur les îles mitoyennes à la recherche de plus de succès. Une fois encore, Lakdahr avait fait jouer ses connaissances sur chaque parcelle de rocaille pour mieux attirer les candidats, une opération qui, au gré du temps, s'était montrée productive. Les nouveaux amants de la Jouvencelle rassemblés, ils reprirent mer pour Pyk où les frairies purent débuter.

L'antre à pochards était animé des voix de mêlé-cass à travers hilarité grasse et cantiques égrillards, les pintes s'entrechoquaient puis se vidaient consécutivement et de façon itérative, pour la plus grande liesse qu'il eut été plausible de partager en cette nuitée. Le forgeron n'en quémandait pas plus, éternellement installé à côté de son acolyte, il se bâfrait tel un ogre n'ayant pas eu sa pitance depuis plusieurs lunes – alors qu'il s'était sustenté à presque chaque point de halte ! - et jusqu'à se maculer le front de graisse animale. La présence féminine – Bien que des doutes pouvaient être émis au sujet de la dite féminité... - sur son flanc senestre ne lui avait fait changer aucune habitude de franc bélître, propension qu'il partageait en quelques boutades scabreuses avec l'épais Hawke qui se situait en face. N'existait rien de mieux que ces banquets orgiaques où la vie était simple et spontanée, nul embarras, nulle contrainte, même s'il n'était jamais assuré que la soirée ne termine pas par un pugilat digne de ce nom. Pour cette fois, le titan sentait qu'il n'aurait guère besoin de jouer des poings, si les railleries allaient bon train, aucune n'était destinée à chercher un véritable conflit. C'était par ailleurs amusé qu'il participait aux échanges de gaudriole, bien que le plus souvent penché sur son festin en se redressant de temps à autre pour commenter ou lamper de sa gueuze. La conversation en vint finalement aux responsabilités que celui-ci ou celui-là désirait avoir, aussi, la place de bras droit était tout naturellement convoitée. Si le fieffé goinfre feignit le désintérêt lorsqu'il fut désigné comme Second officiel, un titre qui décidément lui collait au séant, et montra ses noires agates quand il fut question de soins dentaires et dantesques. « C'par la bouche que t'pourras pisser si j'en viens à m'occuper d'toi. Et j'espère pour toi qu'tu sais nager parce que t'pourras pas faire grand chose si j'me décide en pleine mer ! » La risette carnassière qu'il offrit eut un but plus taquin que réaliste, si bien qu'il se détourna vite de la discussion pour s'hydrater à sa chopine, avalant son gorgeon avec grande hâte en entendant la répartie de Duwyn en pleine offensive contre Gabriel. « Paf, dans ta gueule ! » Brama t-il pour en rajouter une couche qui ne serait pas de trop à son goût, jusqu'à ce qu'un juste retour de flamme ne vienne polir sa joue à grand coup de langue. Un frisson d'aversion traversa le colosse qui s'empressa de repousser la furieuse dans un feulement rauque, puis il lui échappa sans tarder lorsque l'opportunité se présenta, n'omettant pas d'emmener sa gamelle avec lui.

Premier à l'extérieur, il contracta intuitivement ses muscles scapulaires tout en mirant les arabesques de fumée qui naissaient de ses denrées, ceci dû au brutal changement de température. Bien qu'il fut occupé à sa dégustation, son ouïe était parfaitement attentive à ce que son comparse avait à lui dire, sans jamais – ô grand jamais ! - suspecter les révélations. Tout d'abord, il eut du mal à remettre l'identité de la dite dornienne, fronçant les sourcils tout en levant les prunelles vers un point céleste comme preuve de sa réflexion. La suite mit immédiatement fin à son intensive mastication, il se figea même, d'immenses yeux à la lueur apeurée posés sur son homologue. Gabriel réfléchir ? C'était synonyme d'apocalypse, les Iles-de-Fer n'en avaient plus pour longtemps ! Euphémisme que ceci ! Tout Westeros était condamné ! « Tous à l'eau ! Les femmes et les forgerons d'abord ! » était ce qui résonnait dans l'esprit de l'artisan pour l'heure muet. Et au fil des explications, ce dernier se décomposa au même rythme de l'engouement qui n'était de loin pas partagé, et l'expression finale qu'il offrit fut de loin l'une des meilleures qu'il ait jamais eues. Perclus, un air à la fois horrifié, incrédule et au bord de l'évanouissement, sa lèvre supérieure était plus retroussée d'un côté que de l'autre, l'asymétrie de son visage prouvait mille fois que ce qu'il venait d'entendre était digne d'un mythe de folklore d'outre-mer. Il demeura ainsi durant de longues, très longues secondes où il se demandait le plus sincèrement possible si son ami se moquait de lui. Après un temps, il se rehaussa, leva silencieusement l'index pour signifier à son interlocuteur de patienter un instant, puis il fit pivoter le haut de son corps vers le côté opposé où il rugit d'un puissant rot pour le moins salutaire. Lakdahr soupira de soulagement, visiblement libéré d'un poids, puis après s'être raclé le gosier, se retourna en direction du fer-né pour lui adresser un large sourire jaune. La quiétude avant la tempête, car la seconde d'après, ce fut à l'aide de sa viande de chèvre qu'il lapida littéralement le pauvre fou.

« SALE ! COUILLON ! D'MES DEUX !! » Vociféra t-il en hachures conjointement à ses lancées, et bientôt, ce fut au tour du récipient d'être envoyé à la tête du capitaine. « V'LA C'QUE J'EN PENSE !! » Le titan furibond avala la distance qui les séparait désormais et arrache les feuilles des mains de son acolyte. « T'es complètement con ou quoi Gab ?! Ta mère t'a nourri au jus d'chausses ou avec l'eau du bain d'Arryk Harloi c'est pas possible ! » Il marqua une pause, fulminant qu'il était, pour porter son regard sur les épîtres consciencieusement rédigées. Geste effectué d'avantage pour la forme que pour le fond, car l'Edenteur était analphabète, une lacune à laquelle son ami avait d'ailleurs voulu maintes fois remédié. Cependant, le mestre fêvre n'y avait jamais vu d'intérêt, et présentement, il était mieux pour le guerrier qu'il ne puisse déchiffrer ce qui était inscrit sur le papier. Mais sa fatale impéritie ne l'empêcha pas de jouer d'âpres critiques. « T'faire passer pour noble... Du continent en plus ! Non mais, t'as regardé ta tronche récemment ? Tu ressembles plus à cul d'vache qu'à une gueule d'taureau, qui va y croire à ta putain d'histoire ? T'es vraiment fêlé ! » Gabriel en prenait pour les quelques années à venir après un tel aveu, le forgeron n'avait jamais mâché ses termes en sa compagnie ni en celle de quiconque, mais ses propos prenaient encore plus d'ampleur dans un cas comme celui-ci, où son frère de coeur se mettait stupidement en danger. Se connaissant tous deux sur le bout des phalanges, l'époux d'Astaroth ne s'était inexorablement pas attendu à ce qu'il avalise ses intentions, ni même à ce qu'il fasse preuve de doigté dans sa réaction. Mais comment aurait-il pu en être ainsi ? « Attends voir... » Souffla subitement l'artisan dans un haussement sourcilière inquisiteur. « Si tu comptes lui écrire, c'est qu'tu sais qui elle est... Tu t'es renseigné sur elle ?! J'arrive pas à y croire ! Ca fait combien d'temps que tu m'caches ça ?! Tu l'as aperçue qu'une fois, y a des tas d'autres drôlesses à portée, qu'est c'qu'elle a d'plus cette sarrazine ! » Il ne comprenait pas, et à l'instant, il ne désirait pas comprendre, trop courroucé qu'il était par cette folie. Une brève accalmie traversa les lieux, sous la lourde respiration du plus jeune qui ponctua enfin, sur un ton moins acrimonieux mais tout aussi péremptoire. « L'est pas question que j'prenne part à ça ! Tu t'foutras la honte sans moi, j'veux même pu en entendre parler ! »

Et pourtant, Lakdahr savait parfaitement comment se déroulerait la suite bien qu'il le déniait sciemment. Gabriel poursuivrait dans ses plans non sans une amère saveur et l'incertitude en tête, mais il n'y renoncerait pas. Qu'aurait-il été sans son opiniâtreté ? Un homme que l'Edenteur ne serait pas contraint de surveiller pour être sûr qu'il reste en vie. En l'occurrence, ce dernier se rongerait les sangs de conjecturer sur cette situation impliquant la dornienne, puis il finirait par revenir de lui-même sur le sujet pour soutenir, avec une bien mauvaise volonté, son ami. Oui, il l'aiderait. Evidemment, il l'accompagnerait. Bien entendu, il ferait tout pour rattraper une hypothétique bévue pour satisfaire son caprice. C'était en cela que l'on pouvait irréfutablement affirmer que le fer-né aux profonds quartz trônait en monarque dans l'estime du forgeron et que son règne était irremplaçable. L'Amitié, ineffable. Mais pour le moment, l'atmosphère était devenue aussi froide et austère que ne l'était leur archipel de sel, et les deux géants n'eurent pas plus le loisir d'approfondir leur sujet que des pas de course résonnèrent jusqu'à eux. Un galbe heurta de plein fouet le rachis de l'artisan qui manqua de choir, et se retrouva avec une rousse harpie agrichée à lui tel un naufragé à sa planche de bois. La lutte pour la faire descendre s'entama dans les rires unis des autres matafs, pour la plupart ameuté à l'entrée de la taverne pour admirer la scène. « Mais lâche-moi ! Gab, fais la descendre ! J'ai pas encore assez bu pour qu'elle soit baisable ! Laisse-moi tâter d'ton marteau l'cogneur de fer, j'pourrais t'faire des choses qu'aucune femme te fera jamais ! Mais j'suis même pas sûr qu'tu sois une femme bordel !! » Lakdahr parvint après moult efforts à faire basculer son assaillante vers l'avant, qui se retrouva alité de tout son long sur le sol. Toutefois, Bichette ne se résigna point, et se lança bien vite à la poursuite du convoité dans le dessein de lui sauter sur le poil. Ce qu'elle fit dans un superbe saut de l'ange... Mais ce fut sans compter le nouvel égide improvisé de l'Edenteur : Gabriel. Et c'est ce dernier qui eut à subir l'embrassade forcée et passionnée à s'en écrouler par terre. Le miraculé se hâta de rejoindre l'intérieur de la bâtisse sans demander son reste, prenant, dans l'élan, les missives en otage. « C'l'occasion ou jamais d'la sortir, Capitaine ! Tu la veux vraiment dans ta gueule, sa Bête. Pas sûr qu'il ait encore envie d'me la foutre à la bouche une fois qu'Bichette s'en sera occupée. Faut encore s'demander lequel des deux va prendre l'autre ! » Dans la taverne, le jeune homme s'était réfugié auprès de la table où quelques écumeurs demeuraient. « Ca s'dit Second mais ça détale aussi vite que l'gibier, t'as un aussi beau jeu d'jambes que d'bras Lak. Boucle là l'ancêtre où t'vas faire connaissance avec l'premier et l'second ! » Le goliath désigna alternativement ses deux poings, face à un Andor observateur et désespéré qui préféra faire un sort à sa pinte.

La soirée se poursuivit sur une note quelque peu maussade pour l'infrangible binôme qui, bien qu'attablés l'un à côté de l'autre, ne s'adressèrent guère plus la parole. La fâcherie serait éphémère, comme toujours, la réconciliation serait concevable une fois que les esprits seraient moins échauffés. La vengeance du titan se dirigea sur un fût de bière et une nouvelle becquée de carne, aigre d'avoir eu à gaspiller son assiette précédente pour des trivialités. Au fil de la sorgue, il fut émis l'idée de changer de lieu et de prendre les flots pour Dix-Tours où les festivités pourraient continuer pour qui le désirait. La traversée se fit sans encombres et dans les chants grivois de l'équipage, l'embrun embrassant les visages de chacun, et la fierté pirate. L'île d'Harloi fut promptement ralliée, Lakdahr eut une furtive pensée pour sa souris délaissée depuis les prémisses de l'aurore, mais avant de s'en aller la rejoindre, lui restait une tâche d'importance à faire. Alors que les marins prenaient place dans l'une des salles à festin du bastion, où Yuna parmi d'autres servantes se mit à servir les plats et boissons. La paluche du mestre fêvre se posa sur l'épaule du capitaine et il vint susurrer de le suivre, avant qu'il n'ouvre la marche. Il les conduisit à travers la demeure jusqu'à prendre la direction des forges, entre autre, celle dans laquelle il s'était claquemuré ces derniers jours. Le foyer à peine chaud gardait l'endroit dans une agréable tiédeur contrairement à l'intolérable fournaise usuelle, de-ci de-là, étaient parsemés les vestiges d'armes et armures ainsi que les travaux parfois délaissés pour d'autres de l'artisan. Celui-ci ne pouvait décidément qu'imposer son fatras là où il s'installait, mais là n'était pas la question. Tout en progressant dans la pièce, son phonème s'éleva sans once de sa précédente vexation, acabit qu'était de ne pas être rancunier et surtout, de faire preuve de plus de mansuétude qu'il ne le devrait envers son ami.

« J'sais que j'ai pas été beaucoup là ces derniers jours, c'bien pour ça que j'suis venu te chercher ce matin. Mais en fait, j'travaillais sur un truc que j'aimerais t'montrer... »

Posée à l'écart des monceaux, s'étendait une hache avec toute l'ostentation qu'elle était encline à exprimer. Aussi imposante que ne l'était Astaroth elle-même, l'arme avait été façonnée par un titan et pour un titan, et puisque l'amante de Gabriel était sans rivale dans le coeur de celui-ci, le truisme ne désignait alors plus qu'un seul colosse. L'Edenteur l'extirpa de son socle de fortune, la musculature de ses bras au travail pour soulever et manipuler la masse de fer moulurée avec précision. Double tranchant, les lames étaient elles-mêmes ornementées par de fines gravures semblables à des glyphes, peut-être un dialecte que Lakdahr s'était imaginé à défaut d'être en mesure d'écrire pour de vrai. Au manche, une farandole de ses plus beaux trophées dentaires qui en grimpait tout le long, si ce n'était à l'endroit où la poigne devait être. Le créateur observa son ouvrage avec une certaine émotion qui, si elle ne se traduisit qu'au fier scintillement de ses onyx, était bien présente. Une mince risette, et de la contemplation.

« Ca fait un moment que j'me traine mon ancienne, t'sais bien... J'suis tellement occupé à forger pour les autres que j'me contentais d'ma vieille tant qu'elle tranchait encore. Mais là, j'avais envie d'en changer, d'avoir un truc... A la hauteur, tu vois ? » Il la lui tendit pour qu'il puisse l'essayer, ce qu'il serait le seul à pouvoir faire. « J'l'ai pas encore baptisée, j'ai pas vraiment d'idée pour l'instant... »
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Homme d'Armes
Gabriel

Gabriel
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Général
Capitaine de La Jouvencelle

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♦ Missives Aventure : 45
♦ Age : 32
♦ Date de Naissance : 25/02/1992
♦ Arrivée à Westeros : 01/04/2012
♦ Célébrité : Michael Fassbender
♦ Copyright : Luchadora
♦ Doublons : Shaïra Seastar, Maël, Velanna Vance
♦ Age du Personnage : 30 ans
♦ Mariage : Ils l'appellent femme-sel, il dit juste qu'il l'aime } Séraphine
♦ Lieu : Île d'Harloi, Dix-Tours
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Ven 9 Nov 2012 - 2:42

Gabriel savait pertinemment que l’Edenteur n’était pas homme à mesurer l’impact que pouvaient avoir ses paroles sur le moral de son vis-à-vis, sa franchise n’avait pour égale que sa titanesque stature et Lakdahr ne manquerait pas de lui donner son avis sur ses projets sans le moindre détour et avec la délicatesse d’un troupeau de buffles à la charge. Les deux hommes se connaissaient trop bien et depuis si longtemps… Il n’y avait guère de secrets pour les séparer et les vérités sur l’un finissaient toujours par couler gracieusement dans l’oreille de l’autre, flot immuable symbolisant un lien indéfectible et inaltérable. Tôt ou tard le voile se levait et ce moment précis était arrivé pour la Jouvencelle agitée et piaffant son impatience, qui délivra sans méfiance son « plan » à son sempiternel ami. Ce superbe plan qui dans son esprit gorgé d’une excitation inégalable apparaissait dénué de la moindre faille, frôlant le génie et humant bon le succès. Si le naïf escomptait obtenir l’adhésion immédiate et absolue du grand forgeron – après tout il avait écrit des textes, n’était-ce pas là le signe d’une affaire rondement ficelée ? –, il crut voir frapper les foudres impénétrables de la persécution lorsque son jovial faciès se retrouva bassiné par du sang et du jus huileux de bique. Le bougre gaspillait sa nourriture en usant de la précieuse comme projectiles, l’heure était grave… Très grave ! Gabriel ne put s’empêcher de déglutir en mirant la furia du colosse, ses larges paluches frappant au hasard les tranches de barbaque qui approchaient dangereusement de son minois ahuri. Scène cocasse au possible, néanmoins le phonème de Lakdahr rugissait et n’incitait guère plus le Capitaine à afficher risette, il était là plutôt l’heure de la franche et profonde désillusion. Les insultes fusèrent et tout son beau travail de réflexion termina piétiné par un ogre qui ne voulait rien y entendre, persuadé qu’il était que la Jouvencelle ne serait jamais assez fardée pour se faire passer pour noble. Tout plein de fierté et de vexation remuantes, Gabriel s’offusqua de ce procès sans appel et dont la sentence lui pendait incontestablement au nez. « T’es trop occupé à leur cogner d’ssus que tu t’rends pas compte qu’ils sont pas si différents les nobles ! Vague défense qui ne remporterait aucun suffrage, voilà qui était couru d’avance. Toutefois le malheureux débouté était bien trop déboussolé par les violents propos proférés pour s’enhardir d’un bastion mieux façonné. Et puis… Il plissa brusquement ses prunelles de quartz et inspira fortement, avant de bramer la suprême répartie. J’T’EMMERDE !! Voilà c’que j’y gagne moi à t’raconter c’qui m’tient à cœur, j’parlerai à un caillou la prochaine fois, y s’ra plus aimable qu’toi ! Ponctuant ses paroles d’un geste, il fureta au sol un instant puis ramassa une pierre de la taille de son poing qui avait la particularité de présenter une curieuse et grossière forme phallique. Et voilà, j’l’appellerai Lakdahr ! brailla-t-il en brandissant son bien, tandis que son autre main se tendait hardiment vers le torse adverse. Maintenant rends-moi mes lettres ! » Candide qu’il était de croire que cela se terminerait ainsi, voilà que son frère de cœur le perçait à jour avec une acuité digne d’eux. Le teint déjà clair du fautif se mit à blanchir à vue d’œil et il se mit à bredouiller quelques mots incompréhensibles. Sa colère n’avait point empêché Lakdahr de déduire que son aîné fomentait dans son coin depuis suffisamment longtemps pour avoir appris le nom de la belle dornienne et assez d’informations à son sujet pour la poursuivre de ses ardeurs. « J’voulais t’en parler… Argumenta-t-il les joues subitement rosées, un peu honteux qu’il était de ne pas avoir évoqué l’épineux sujet plus tôt. Lakdahr l’aurait-il alors épargné de sa lapidation ? Il était hasardeux de l’affirmer… J’sais pas c’qu’elle a d’plus, j’te dis juste que c’est elle qu’il me faut ! Ca fait plusieurs jours qu’j’essaie d’te voir et d’te le dire mais t’es trop occupé à besogner l’fer ou ta souris, alors m’cherche pas l’sel entre les orteils t’entends ?! » Ce qu’elle avait de plus… Lakdahr ne l’entendrait pas, ou du moins, pas maintenant, et sans doute pas aujourd’hui. Plus tard, peut-être… Car malgré la conclusion tirait par son acolyte de toujours, Gabriel restait persuadé au fond de son cœur qu’ils finiraient par évoquer le sujet une prochaine fois. Ainsi se comportaient les deux titans de sel et de sang, prompts à s’écorcher pour finalement se soutenir, jusqu’au bout. « J’compte pas t’en reparler d’toute manière !! » Faux. C’était d’une telle évidence que Gabriel se mit à tourner résolument l’échine à son vis-à-vis, drapé dans son infantile dignité. Il n’avait que peu changé depuis leurs disputes et bagarres de gosses… Combien de fois Gabriel avait-il hurlé à ce petit noiraud au teint hâlé – déjà aussi grand que lui, malgré tout –, « plus jamais j’te reparlerai !! » pour finalement moins d’une heure plus tard lui bondir de nouveau dans l’échine ? Un nombre incalculable de fois, illustration du caractère sanguin du plus âgé et surtout, plus que tout, du lien fabuleux qui s’était noué entre eux.

La fâcherie aurait pu statufier les deux amis – en admettant qu’à force de provocations ils ne se soient pas sautés sur le poil – mais quelques-uns des matafs recrutés s’enquirent de leur absence et firent subitement leur apparition aux portes de la taverne, perturbant ainsi l’échange plein d’une tendresse musclée. Leur Capitaine guigna dans cette direction avec un air revêche accolé aux traits avant d’ouïr une course précipitée… Une immense tornade rousse se précipita sur eux, ou plutôt sur l’ardent objet de sa convoitise. Nulle autre que Bichette n’ambitionnait autant de claquer la chair avec le musculeux forgeron, seul quidam sur les Îles de Fer à culminer plus haut qu’elle et qui était incontestablement à son goût, que ce soit pour la force de son caractère que pour le dantesque qu’elle devinait dessiné sous ses braies. Elle lui flatta le crin tout en arguant mille promesses sulfureuses, et la bataille l’opposant à Lakdahr déclencha bien vite le rire grave du fer-né près d’eux. « Laisse-lui l’occasion d’te l’prouver qu’elle est une femme ! » lâcha un Gabriel proche de l’hilarité et tout bonnement inconscient de l’épée de Damoclès qui menaçait de s’abattre sur son crâne. Le retour de flammes ne tarda guère et alors que l’éphèbe désiré s’échappa de la prise de la harpie, cette dernière bondit pour l’étreindre de sa passion dévorante et irraisonnée… Jusque là rien de bien inquiétant, la Jouvencelle ne manqua pas de continuer à rire avant d’être utilisé comme bouclier humain par son comparse de toujours. Pris d’un subit branle-bas Gabriel s’agita en tout sens pour éviter la collision, relâchant même son compagnon rocheux, en vain. « Qu..Quoi ?! Nooon, lâche-moi !! » Trop tard, la furie l’embrassait déjà à pleine bouche – et à pleine langue – provoquant l’alacrité parmi les matafs assemblés pour mirer le spectacle burlesque. Il n’eut pas l’occasion de répliquer aux galéjades de ses recrues, trop occupé à préserver l’intégrité de sa physionomie. « Arrête de m’lécher la face, arrête !!! » parvint-il à articuler en repoussant tant bien que mal les assauts de l’intrusive rombière qui, une fois remise sur ses longues guiboles échancrées, proclama fièrement un large sourire aux lèvres qu’elle l’aurait un jour, son promis.

La belle équipe regagna la bruyante taverne du Vieux Crayrin dans la bonne humeur et les éclats de voix, si ce n’est la manifeste amertume qui emplissait toute l’âme d’un Gabriel pensif et cafardeux malgré la présence de sa moitié de binôme à ses côtés. Il ne se prêta qu’évasivement à l’allègre frairie qui, de toute manière, n’avait plus guère besoin de lui pour déchainer les passions, trop préoccupé à ressasser ce que lui avait craché Lakdahr quelques minutes plus tôt. Peut-être avait-il raison… Mais là n’était point la question pour l’obstiné fer-né, qui poursuivrait son but avec la détermination d’un forçat envers et surtout contre tout. Il souhaitait avec fureur que son ami finirait par se ranger de son côté car depuis qu’ils tenaient sur leurs guiboles, les deux salés ne s’étaient jamais engouffrés dans une aventure d’une telle ampleur sans l’appui plénier et salutaire de l’autre. Pouvait-il en être un jour autrement ? Gabriel préféra ne pas y songer davantage tandis qu’il se redressait avec les autres marins – presque tous étaient motivés pour poursuivre l’ivre festivité, quelle surprise ! – pour gagner l’étriquée mais honorable Jouvencelle puis rallier Dix-Tours, digne demeure des Harloi. Quelques indications y furent données et la kyrielle de camérières à disposition s’échinèrent pour satisfaire les rustres personnages qu’elles serviraient jusqu’à leur mort. Yuna était des plus dévouées, galopant en tous sens pour s’assurer de l’aise de l’ensemble des invités bien qu’elle fit à plusieurs reprises de larges crochets dans sa course pour éviter la démesurée carcasse de son Némésis aux sombres onyx. Ce dernier ne tarda guère durant le repas à requérir la présence de Gabriel qui, loin de se claquemurer dans sa bouderie, bondit sur ses pieds pour rejoindre son frère de cœur et le suivre sur un trajet bien connu : celui qui menait aux forges. Pendant la traversée il ne put s’empêcher de souffler une boutade dans l’espoir d’aviser le présent état d’esprit de son compagnon, « Tu vas m’foutre la gueule dans l’âtre et me marteler la tronche jusqu’à c’que j’crache que j’abandonne ? », un exercice qui outre son aspect barbare mais ô combien amusant et prometteur ne serait d’aucune utilité, Lakdahr connaissait Gabriel comme s’il l’avait lui-même conçu – ce n’est pas la mamelle Braavosi qui aurait été contre – et devait parfaitement savoir que le têtu ne démordrait pas et irait la chercher sa sarrasine, même seul, armé d’un caillou et capitaine d’une barque.

Ils parvinrent ensemble dans l’antre du forgeron animée d’une agréable tiédeur, c’était l’un des rares endroits des Îles de Fer à ne pas souffrir d’une froide humidité. Les prunelles de quartz observèrent autour d’elles avec leur habituelle curiosité, furetant sur les tables et sur le sol pour y déceler de nouvelles merveilles de fer. Il porta son attention sur quelques-unes des haches entreposées et parfois inachevées et laissa même courir ses doigts sur l’une d’elle, relativement légère d’apparence et finement ciselée, jusqu’à ce qu’il soit interpellé par le timbre apaisé de Lakdahr. Le confit semblait d’ors et déjà une affaire passée, la rancœur n’avait jamais empoisonné la relation des deux hommes. Le plus grand allait enfin lui expliquer le pourquoi de son silence des derniers jours, qui avait tant agacé le possessif fer-né. La raison n’était rien de moins que la création d’une nouvelle arme pour le titan des Îles, trésor qui fut bientôt confié aux phalanges habituées mais pas moins comblées d’un Gabriel sous le charme. Le travail du forgeron était toujours d’une qualité évidente, il façonnait des armes puissantes et flatteuses pour l’œil mais indubitablement il tenait entre ses mains et dans son échine les deux chefs-d’œuvre de Lakdahr. Cette hache était peut-être encore plus massive qu’Astaroth, belle et terrifiante, embellie par la patte de celui que l’on surnommait l’Edenteur. « Elle est magnifique… La pulpe de son pouce effleura seulement le fil de la lame, rien qu’une caresse frivole et pudibonde et pourtant, déjà, une goutte pourpre s’écoula le long de son poignet puis sur la musculature de son avant-bras. Vraiment parfaite. » Il posa dans un geste lent et respectueux l’embase du manche au sol et constata la taille de l’arme avec une large risette accolée aux lippes, celle-ci faisait presque sa taille, stupéfiante ! « A la hauteur… Comme tu dis ! Quant à un nom… Il la brandit alors devant eux, et après un court échauffement, la fit virevolter d’épaule en épaule pour en tester l’équilibre et finalement l’abattre sur une chaise, qui éclata littéralement en morceaux à l’impact. Rien de mieux pour tester l’efficacité ! Un rire enjoué de gamin s’échappa des lippes de Gabriel qui en redemandait, et tout en ramenant la belle contre son poitrail il étudia scrupuleusement les glyphes qui y étaient gravés et qui, à défaut d’être intelligibles dans le langage commun, étaient d’une émouvante beauté. Ses claires mirettes voguèrent sur le fer en suivant le chemin tracé par les molaires et autres canines, parmi les mieux conservées acquises par le forgeron, jusqu’au sommet de la hache où trônait l’une d’elle, dent qu’il reconnut sans mal… Mh… Instinctivement sa langue vint frôler le fond de sa bouche, là où sa gencive pleurait encore la perte de l’une de ses quenottes, puis il désigna l’égarée de l’index, un sourire fin et touché sur ses traits. C’est à moi, ça. Ainsi son ami avait conservé ce trophée durant toutes ces années… Alors qu’ils étaient adolescents et se plaisaient à taquiner du poing à la moindre occasion, Lakdahr avait décoché un tel uppercut dans sa mâchoire qu’il avait cru s’envoler durant une kyrielle de secondes fantastiques… Avant de s’écraser lamentablement, le nez dans la poussière et une précieuse d’ivoire encastrée dans la rocaille. Souvenir fabuleux de l’un de ces mémorables combats qu’il livrait avec l’Edenteur, à qui il avait offert sa dent pour marquer sa victoire. Voilà une déclaration muette comme seul Lakdahr en avait le secret… Et lui ne serait pas Gabriel s’il ne le mettait pas à jour avec sa sensiblerie de rigueur. Ses prunelles humides en témoignaient, il inspira alors fortement et conjura le sort en susurrant d’une mielleuse voix. Tu m’aimes ? Il ricana sans attendre la moindre réponse et approcha ensuite de son ami pour glisser entre ses larges mains son épousée. Pour une hache qui te ressemble, j’ai une idée… Plana alors un court instant de flottement durant lesquelles il plongea sans retenue dans les sombres et profondes prunelles de celui qui était bien plus qu’un frère pour lui, un innommable, un être unique. Appelle-la Dentesque. » Ce simple mot, ce cri de guerre qu’ils aimaient à répéter à la moindre occasion, au cœur d’un combat comme au bout de la nuit lors d’une beuverie, cette prière, cette badinerie devenue conduite de toute une existence… Dantesque, c’était cela. Le nom final reviendrait au bon jugement de l’artisan, ce qui n’empêchait pas Gabriel d’être particulièrement fier de sa trouvaille. Bras croisés il s’appuya contre l’une des tables de la forge postée en face de l’âtre, et cette vision lui rappela soudainement le galbe d’une brune sylphide qu'il entraînait régulièrement. « Ah, t’as pas lésiné ces derniers temps ! Y a Arkha qu’est fière d’avoir enfin la sienne d’arme. Traitresse. Elle était déçue d’pas en avoir une aussi grande et lourde qu’Astaroth mais… Au moins, elle peut l’soulever son bec de Corbin ! » Il fit bruyamment craquer ses épaules engourdies et croisa ses bras devant lui, son regard un instant perdu dans le vague et ses songes. « Pour mon plan… Et oui, l’opiniâtre revenait à la charge, mais son ton était bien plus mesuré, plus prudent également. T’as p’t’être pas complètement tord, tout bien réfléchi… Il racla sa gorge et frotta sa barbe, particulièrement gêné d’avouer qu’il avait pu se tromper, ou du moins, s’emballer avec trop de vivacité. Mais tu l’sais, j’abandonnerai pas. J’vais r’penser à comment faire, et je trouverai. J’y arriverai. Mais… Quand t’es avec moi… Ses lippes se trémoussèrent et il remua séant sur son appui, agitation qui ne permit guère à ses rougeurs de disparaitre, à son grand dam. J’suis toujours plus fort… »
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Lakdahr l'Edenteur

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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Dim 11 Nov 2012 - 14:33

La tête dans son âtre pour lui refaçonner le faciès... A l'image de son plus beau fantasme, peut-être ? La perspective de s'édifier une nouvelle concubine dans du granit de Gabriel était à s'en pourlécher les babines, bien qu'il songeait à lui cautériser les lippes pour ne plus avoir à endurer ses geignements et autres fausses excellentes idées. Si l'Edenteur n'en commenta rien, il était risqué de lui soumettre une telle suggestion pour poursuivre la soirée, mais diantre, s'il se débarrassait inopinément du quartzeux, sur qui pourrait-il vociférer à s'en perforer les organes pulmonaires ? Sur qui aurait-il loisir à abattre une constellation de mornifles sans qu'une raison ne soit fatalement nécessaire ? Et qui serait donc capable de le mettre dans d'indicibles états d'embarras, de frustration, de courroux et d'appréhension en quatre secondes aussi successives que ces notions ? Nul ne possédait le potentiel de lui faire blêmir son teint de cuivre comme l'avait toujours fait et le faisait encore le bélître à ses côtés, et pourtant, leurs déités savaient qu'ils se connaissaient avec une interdépendance et une perfection inusitées. Mais à l'encontre de toute cette cohérence qu'amenait le fait qu'ils n'avaient aucun secret l'un pour l'autre, le bougre parvenait encore à le faire tomber des nues lorsqu'il s'y attendait le moins. De quel don l'avait donc affublé la génétique Harloi ? Celui d'importuner son monde, inéluctablement. Etre proche de ce colosse aux prunelles de cristal revenait à s'engager dans une relation funambulesque, vent et vertige en guise d'antagonistes, mais avec une corde à laquelle s'agricher. Délicate épreuve que traverser ainsi le canyon de leur fraternité sans variation de frayeurs manquant de lui liquéfier le coeur au moindre faux-pas, il finirait par en trépasser, de leurs idioties, et de son souvenir ne resterait plus que sa belle denture. Quelle ironie !

Toutefois, ce ne fut point à un règlement de comptes que Lakdahr convia son homonyme, le conciliabule était à but bien plus féérique – ou métallurgique tout du moins... - et qui ne pourrait que lui plaire. Le capitaine de la Jouvencelle le savait, son bégueule de forgeron ne dévoilait ses émois à nulle autre qu'à sa forge elle-même – aucun risque de se faire trahir, autrement dit. - et ainsi, chaque flammèche sentimentale que ce dernier lui exposait, plus involontairement que l'inverse, était bonne à saisir et miroir de ce qui les unissait. Et de l'émoi, il s'en lisait une certaine forme dans les onyx du mestre fêvre face à cette épousée récemment ouvrée, dans laquelle il avait illustré le paroxysme de son inspiration comme il l'avait fait pour quelques oeuvres particulières, telle qu'Astaroth. Une étincelle dont le principal intéressé n'avait aucunement conscience, mais qui serait des plus intelligibles pour son ami qui avait obtenu son brevet de translation lakdahrien et présentement en train de s'émerveiller devant sa belle-soeur d'arme. Une réaction que l'artisan mira aussi minutieusement qu'avidement, curieux de connaître l'opinion de son vis-à-vis – preuve supplémentaire de l'importance qu'il lui accordait. Si en d'autres occasions, voir une perle d'hémoglobine maculer l'avant-bras de son frère d'âme l'aurait fait tiquer de mécontentement – quoi que, c'est qu'il était robuste, le guerrier aux yeux d'océan ! - admirer la perfidie de sa lame tout juste affilée l'emplit d'une sourde fierté, et que dire alors que le mobilier fut la première victime de sa hache ? Il imaginait déjà ces pleutres de l'autre bord de la mer se morceler comme une carne prête à être consommée. Il hocha lentement la tête comme pour instinctivement confirmer les propos prononcés : à la hauteur ! La question du baptême fut subitement évincée par une ornementation que la demi-seiche n'avait point encore évoquée, intrigué de voir si l'ancien détenteur de ce petit bijou allait remarquer quelque chose... Ce qui arriva bien vite ! Un hommage d'infime envergure mais d'immense intensité, nul besoin de mettre quelque terme que ce fut pour que les deux hommes le sachent. Le titan croisa les bras avec une large risette, qui précéda un ricanement caverneux... Aussitôt stoppé par l'impromptu tirade quémandant une déclaration à la hauteur de l'amour d'un grand colosse envers un plus petit. Surpris et particulièrement outré dans sa virilité, il afficha un air d'inepte, épaisse moue et calots écarquillés comme si Gabriel venait de toucher une véracité prohibée. « Non mais ta gueule... » Maugréa t-il d'une voix ridiculement grave et à moitié étouffée, avant de récupérer sa création chez laquelle il chercha du réconfort en la lovant contre son poitrail partiellement exposé. « Fait chier... ».

Le trouble occulté, le sérieux de la conversation revint, pour le plus grand plaisir du forgeron qui se vit proposer un nom des plus élémentaires, mais qui ne lui était absolument pas venu à l'esprit. L'idée était tant percutante qu'il se sentit grotesque de ne pas y avoir songé de lui-même, mais après tout, il avait dénommé l'auguste marteau éternellement congloméré au rachis de son homologue avant de le lui présenté... Certainement était-ce dans l'ordre des choses que la réciproque se produise alors et tout naturellement. Le plus jeune demeura figé dans sa réflexion le temps d'un instant, les prunelles orientées en hauteur comme s'il jaugeait la splendeur de la proposition qui venait de lui être faite. Un rictus enchanteur naquit à la commissure de ses lippes alors qu'il contempla sa merveille qu'il pouvait désormais appeler par un nom décent. « Dentesque hein... » Il adhérait. Non, il adorait ! Mieux ! Il jalousait le sens commun de son compagnon d'odyssées, quelle brillante idée qui lui fit adopter un large sourire satisfait. La conversation biaisa vers un sujet mitoyen que Lakdahr écouta distraitement, occupé à constater d'une gouttelette vermeille restée sur le tranchant de sa lame, il la récupéra précautionneusement du pouce et, à défaut de s'essuyer sur ses vêtements comme il avait marotte à le faire, il porta son doigt à sa bouche et le suçota pour goûter ce sang familier. L'air de rien, il s'éloigna ensuite pour se munir d'un chiffon et briquer l'objet, tout en réprimant un spasme d'improbation au dernier sujet abordé. Il lorgna son compère avec une franche contrariété, n'avait-il pas été suffisamment clair ? Le bougre n'avait rien retenu de ses objurgations, ce qui, si ce n'était guère un mal en soi, était fort mal maitrisé en terme de temporalité. La vexation était encore trop récente pour que le titan des forges daigne en reparler immédiatement, il n'avait pas eu le loisir de véritablement songer aux moindres coutures de ces projets qu'il jugeait insensés et était de ce fait inapte à se prononcer sans laisser son aigreur bramer pour lui. Le capitaine n'obtiendrait strictement rien de sa part sur cette nouvelle lubie, pas en cette sorgue, bien au contraire, il ne fit que raviver l'âpre brasier qui l'avait déjà lapidé de carne grasse, le fou. La colère derechef aux viscères, l'ultime réplique fut l'excès sentimental de trop, l'Edenteur abhorrait ces déploiements d'affection qu'il était fichtrement incapable de rendre à cette montagne de sensibilité, quand bien même les aurait-il mérités. Question de pudicité masculine et aussi géante qu'il ne l'était, sa réaction fut celle d'un être acculé par une amitié qui les dépassait irréfutablement, un grognement pour commencer, puis il poursuivit sur un ton qui ne respirait plus aucune bonhomie.

« Bah apprends à être fort tout seul ! J'te torche tellement souvent que c'est pas l'fagot que j'sens c'est ta merde grand couillon ! T'as pu l'âge d'chier sur tes pairs en vieux croûton que tu d'viens, sauf si t'peux déjà pu t'retenir mais dans ce cas tu m'épargnes la besogne... J'suis pas ton chaperon, rentre toi ça dans l'crâne ! » Sa prosodie restait légendaire mais avait au moins le mérite d'être authentique dans son drapé d'injures, il était mauvais d'être perméable à l'émotivité lorsque l'on était proche du mestre fêvre. Et comme si le premier jet n'était guère suffisant, il reprit en guise de synthèse et pour cibler un reproche dustinctif. « Y en a marre que t'aies la tête dans les nuages alors que moi j'ai les pieds dans la chiasse ! J'te suivrai pas j't'ai dit, fous moi la paix avec ta putain du sud ! »

Si après cette admonestation, Gabriel osait encore évoquer cette maudite sarrazine, le forgeron n'aurait d'autre choix que l'étêter sur le champ et à grand coup de sa belle tout juste baptisée. Toutefois, son timbre allié au flux verbal feraient probablement leur effet pour dissuader l'importun... Jusqu'à l'aube suivante, au moins. Comment diable pouvait-on s'enticher d'une nymphe à peine aperçue de la sorte et tout risquer, ou presque, dans le simple dessein de lui flatter la joue plutôt que le séant ? Il le connaissait, son ami, et le savait incompétent dans l'assujettissement féminin, quitte à se priver des plaisirs les plus primaires. L'amour ne viendrait point lui choir sur le crâne au détour d'une rapine, nulle donzelle continentale ou étrangère ne se plairait à lui bondir dans les bras en lui adressant quelques chants laudatifs, une logique avec laquelle il le serinait sans arrêt et avec tout le désespoir imaginable. Le colosse ne savait plus qu'entreprendre pour extirper le demi Harloi de ses landes chimériques, souffreteux de le voir se morfondre dans ses rêves de grande passion alors que sa réalité était teinte de solitude. Bientôt, il ne pourrait faire autrement que quêter lui-même pour lui trouver celle qui le panserait d'Ernestine et lui ferait à nouveau mirer vers l'avenir... Mais point en risquant leur vie dans une mascarade qui ne fonctionnerait certainement pas. Et pourtant, le fait était avéré, il finirait par le talonner peu importe la décision prise, un fait évident et infrangible support dont il ne témoignerait rien pour le moment. Il lyncha l'utopiste d'une oeillade de jais, lui faisant par là comprendre qu'il aurait été vain d'en débattre d'avantage, puis opina négativement du chef en renvoyant sa concentration, d'apparence, sur son arme, de réflexion, vers des cieux qu'il avait préservés jusqu'alors secrets.

Arkha Kenning. Une harpie de l'archipel à laquelle il n'avait plus eu affaire depuis un certain temps maintenant et qu'il, étrangement, n'avait jamais réellement coudoyée alors qu'ils fréquentaient tous deux Dix-Tours et le géant y logeant. Une relation d'indifférence qui avait pris de bien différents atours lors de leur dernière entrevue, la faute à la véhémente qui n'avait point voulu entendre son expertise de forgeron alors qu'elle réclamait ses services. L'impudente s'était aventurée en des strates dont elle n'avait aucun contrôle, mais Lakdahr ne pouvait s'empêcher d'affirmer que la contingence n'en était pas la principale responsable. Pouvait-on sciemment provoquer un quidam tel que lui, sur ses mérites sybarites, sans en payer un prix qui pouvait être qualifié de fer-né, lui aussi ? La donzelle exultait la volupté sans même le désirer, le dieu Noyé l'avait ciselée de façon à ce que sa virilité caractérielle n'ombrage en rien son insulaire vénusté. L'artisan ne s'était jamais retenu de la reluquer, même aux abords de Gabriel qui n'avait point toujours apprécié ses regards grivois, conscient que son titanesque frère avait la luxure dans les veinures. Seulement, c'était la belle qui était finalement venue à lui et avait récolté les agrumes de ses bravades, à coups de boutoir qui l'avaient fait braire d'une note autrement plus échauffée. Sa vulve autant que sa plaisante attitude de guerrière lui avait octroyé une arme, l'une de celles que le mestre fêvre avait conçue avec une attention particulière. De ce qu'il en avait entendu, la jeune femme s'était énamourée de cette conception bien qu'il n'en avait personnellement reçu aucun écho, car ils ne s'étaient pas revus depuis cette soirée où leurs reins avaient dégoisé le même refrain.

« J'savais pas qu'Arkha avait appelé son bec-de-corbin Traîtresse... » Entama t-il une fois lénifié de sa précédente irritation, d'un phonème ayant retrouvé une intonation normale. « J'lui ai pas donné en main propre, j'lui avais laissé dans sa chambre un jour où elle était ici... Mais j'pouvais bien lui marteler une arme après l'avoir martelé elle. » La confession prenait de ces airs de déclaration commune, comme l'on parlerait du dernier bon repas dégusté. Et pourtant, il n'en était rien, du moins, l'Edenteur avait malencontreusement omis qu'il n'en avait encore touché mot à son ami. Un fait qui lui revint abruptement en mémoire, lui faisant redresser la tête avec une mimique intensément pensive. Il guigna ensuite son comparse, et face à sa stupeur figée, ne put s'empêcher d'en rajouter. « Ouais, elle a fait la même tronche quand elle a vu l'dantesque. » Et pour ne surtout pas embellir le tout. « Pas elle, l'autre. »

Dit-il en désignant alternativement sa hache puis son organe phallique dissimulé sous son vêtement... Une façon comme une autre de lui confier qu'il avait couché avec sa cousine adorée. Un coït qui apparaissait comme un vulgaire détail pour Lakdahr, preuve en était de son humour douteux et déplacé en pareille situation. Il savait toutefois que l'annonce ne passerait pas comme une lame sur le corps d'un continental et étranglerait infailliblement un Gabriel qui n'avait jamais rien soupçonné des activités de son frère de coeur et de sa protégée. Le forgeron, qui s'était retourné sur son ouvrage tout en poursuivant son nettoyage jugea cependant que la foudre tardait à venir... Jusqu'à apercevoir une rondache lui filer sous le nez et s'écraser contre un monticule d'instruments qui chutèrent en une brillante cataracte. Il en sursauta tardivement et eut cette fois le temps de voir un second bouclier lui être envoyé en pleine physionomie, qu'il évita de justesse, tout comme l'effondrement d'armes provoquée au heurt de l'objet derrière lui. Voilà qui était cocasse, que se faire rudoyer avec son propre fatras dans une antre qu'il occupait à longueur d'année !

« Hé mais arrête, qu'est c'tu fous ?! » Demanda un colosse sur le qui vive dans une fausse interrogation, car la réponse s'imposait d'elle-même ! S'il en avait un jour l'opportunité, il était prêt à parier que le quartzeux la lui trancherait, sa verge, pour toutes les anicroches dont elle était responsable. Le titan parvint à esquiver un nouveau projectile non sans manquer de s'étaler sous la table dans un rire tonitruant, car son hilarité face au vindicatif emportement de son homologue, il ne pouvait vertement pas la retenir ! Ce qui ne contribuerait éventuellement pas à pacifier le catapulteur improvisé, auquel il s'adressa entre deux dilatations de rate. « C'est ta faute !! C'toi qui m'l'a envoyée pour que j'lui forge quelque chose, c'pas moi qui suis allé lui mettre la main au cul ! » Ce qui était loin d'être faux, il n'avait pas même projeté de l'allonger sur son plan de travail en la voyant passer l'huis de son antre à un moment où personne ne serait susceptible de les importuner, trop interloqué par les exigences qu'elle lui avait simultanément présentées. Il réapparut finalement de l'autre côté de la table non sans cesser de se désopiler, il leva l'index pour signifier qu'il avait quelque chose à ajouter. « J'tiens à dire pour ma défense que c'est elle qui m'a presque baissé les braies ! Elle a fait exprès d'me provoquer, c'est loin d'être la p'tite prude que tu penses, ta cousine ! » Voilà qui ferait effectivement sa défense.
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Homme d'Armes
Gabriel

Gabriel
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♦ Date de Naissance : 25/02/1992
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♦ Age du Personnage : 30 ans
♦ Mariage : Ils l'appellent femme-sel, il dit juste qu'il l'aime } Séraphine
♦ Lieu : Île d'Harloi, Dix-Tours
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Mer 9 Jan 2013 - 3:25

Le faciès que pouvait arborer Lakdahr lorsqu’il était mal-à-l’aise, empêtré dans un marasme de sentiments sur lequel il n’avait pas de prise, était à se damner et méritait largement de subir toute ses colères. Qu’était une furia passagère après tout face à l’attendrissant embarras d’un titan des Îles délicieux ? Une poussière ! Un petit inconvénient largement compensé dès que Gabriel entendit le phonème grognon, distinct de l’enfance seulement par son timbre grave et sa rugosité, mais la candeur était là, palpable, et tira un soupir exagéré et une réplique qui marquerait son Goliath plus que n’importe quelle déclaration et n’importe quelle insulte – oui, à la fois. « Ouuuuh qu’il est mignon le Lakdahr ! Il est joli, il est tout gêné ! » Son numéro ne put durer longtemps, englouti par un tonitruant éclat de rire qui lui tira en même temps quelques perles lacrymales. Taquiner son comparse de toujours demeurait l’exercice où il excellait quasiment à chaque essai, bien que depuis les premières heures il se montrait circonspect en public et respectait – le plus souvent… – la maladroite pudibonderie de son ami. L’inverse n’était pas toujours vrai, le Dieu Noyé pouvait en témoigner ! Il avait de la ressource pour enchainer les répliques débordant d’amour, car cette amour était loin d’être factice et transpirait par chaque pore de sa peau, toutefois la découverte de la nouvelle création du forgeron attira immédiatement son attention.

Une fois le bijou entre les mains il se tint plus calme, tout à sa contemplation de l’objet de fer de toute beauté et qu’il avait l’honneur d’effleurer de ses phalanges. Il lui trouva instinctivement un nom de baptême à sa mesure, catharsis de l’activité d’arracheur sanglant et compulsif de son maître tout en symbolisant dans une évocation à peine voilée la force du lien qui les unissait depuis tant d’années. Lakdahr parut aimer, à défaut de mots superflus il arborait une expression des plus éloquentes qui ravit Gabriel et lui insuffla l’inspiration. C’était le moment ! « On s’épouse ? J’te ferai de beaux et grands gamins bien en santé, d’vrais cogneurs de fer et des bourlingueurs de première. » Ne serait-ce pas la concrétisation la plus parfaite de leur infrangible binôme ? Dentesque et Astaroth en guise d’anneaux, la déclaration venait à point nommé et enchanterait les oreilles de l’Edenteur, c’était clair comme de l’eau de roche. « J’te sens déjà tout émoustillé. » Derrière son grand sourire et ses ricanements, Gabriel s’imagina l’allure des bambins issus de leur curieux et épicé mélange. Et généreux par nature, il partagea sa vision avec le principal concerné – à qui décidemment, il n’épargnait rien ! « A peine sortis et grands comme des bambins de huit ans, le crin noir et bouclé, de grandes billes bleues dans les orbites, des paluches à baffes et un marteau dans les braies ! Il frappa l’épaule de son ami en riant à gorge déployée et éleva ses prunelles jusqu’au plafond dans une mimique faussement rêveuse. Par contre, j’garantis rien si on a des filles ! »

L’humeur revenait au beau fixe et l’être sanguin qu’était Gabriel avait totalement omis tous ses précédents états d’âme, malgré leur indéniable sincérité du moment. Sans doute les couvait-il dans un coin de sa tortueuse caboche mais pour l’heure, il n’était que sourire et confidence, très loin de se méfier du retour de flammes qui allait se charger de le cramer jusqu’aux entrailles. Jugeant faussement le moment opportun pour revenir sur ses projets – qu’il était prêt à remodeler selon les bons conseils de Lakdahr – il n’attendait pas l’enthousiasme de son frère, pas même la cordialité, mais il espérait qu’il découvrirait une porte de sortie pour une prochaine fois… Erreur. Il avait beau le connaître mieux que lui-même, il lui arrivait encore trop souvent de s’emballer et d’omettre qu’il avait devant lui Lakdahr, Lakdahr et son caractère vif qui ne voyait pas son ardeur tempérée par l’amitié. Le fer-né se retrouva d’abord séché par la virulente réplique dont il ne comprit pas tous les aboutissants, comprenant vaguement qu’il s’agissait là de merde, de responsabilité, et que ce n’était somme toute pas aimable comme déclaration à son encontre. Le vent tourna abruptement dans le crâne de Gabriel et lui hérissa le poil, tandis qu’il élevait à son tour durement la voix. « Tu vas t’détendre ouais ?! J’parle pas à mon géniteur là, mais à mon ami, mon meilleur ami, mon couillon d’frère ! J’te demande de m’accompagner comme tel, pas d’t’occuper d’préparer la bouffe et d’m’habiller l’matin ! » S’il n’avait jamais eu une mère à proprement parlé, il n’en cherchait pourtant pas la figure dans la personne qui lui était la plus proche sur cette terre. « Mais c’est pas grave, reste dans ta forge ! J’partirai avec la Jouvencelle et tu verras qu’ça marchera ! Grognon, il ajouta par pur esprit revanchard. J’laisserai Bichette à terre. »

Le débat était clos et ne souffrirait sans doute plus de nouvelles interventions avant un bout de temps. Les deux colosses allaient retrouver l’animation de la frairie, les visages rougeaux des nouveaux matafs et la ripaille surement entamée dans ses grandes largeurs. Cela aurait pu, cela aurait dû se passer ainsi. Mais une malheureuse confidence révélée à la va vite allait bouleverser l’issue de l’échange d’une façon imprévue dans les deux camps. Lakdahr avait « martelé » Arkha. Arkha Kenning, sa cousine de cœur, la petite sœur vive et combattive qu’il n’avait jamais connu, la fille rêvée qu’Ernestine n’avait jamais eu la chance d’avoir. Son Arkha qu’il avait vu grandir, s’épanouir pour devenir l’une des plus belles perles extraites de la rocaille. « Tu… Arkha… ? » furent les seuls premiers mots capables de s’extirper de ses lippes sèches et serrées, encore tremblotantes de surprise. Il se sentait étrange, pris au dépourvu, décontenancé. La sensation était incompréhensible… Qu’avait-il donc à revendiquer dans cette histoire ? Quel était son rôle, avait-il seulement quelque chose à dire ? Arkha était grande, Lakdahr était son ami, devait-il, ou tout simplement pouvait-il protéger la donzelle de cet « ennemi » insaisissable ? Il aurait fallu se poser, réfléchir, et discuter calmement avec son homonyme de ce qu’il souhaitait obtenir de sa protégée, si tant est qu’il souhaitait quelque chose et n’avait tout simplement pas penser avec ses valseuses. Il ne s’en étonnerait pas même le temps d’un battement de cils. Cependant il fallait faire cet effort… C’est pourtant instinctivement, furieusement, que ses phalanges empoignèrent un bouclier qui trainait là et le propulsèrent violemment vers le visage bien trop paisible de l’Edenteur. « T’as mis ta putain d’pine dans Arkha ?!! » Le point de rupture était de nouveau atteint, si aisément que l’on aurait pu croire que Lakdahr en était le conscient instigateur. La raison avait quitté le cortex de Gabriel et ce dernier ne réagissait plus qu’en animal qui voyait sa progéniture en danger et son territoire menacé. « Dans ma cousine !! » A défaut d’uriner copieusement dans les coins de la pièce, il se saisit d’un nouvel objet contondant – en l’occurrence, une sorte de gourdin métallique – et le jeta de toute ses forces contre le poitrail de son casanova du sexe. « Dégueulasse ! Enfoiré ! Connard ! Enculé ! P’tite pétasse tu t’fous vraiment d’ma gueule !! » Le chapelet de compliments fut dégobillé avec tant de hargne qu’il aurait été aisé de croire que la plus haute trahison venait d’être découverte et que les divines foudres allaient s’abattre sans pitié sur le coupable, le coupable tout dégotté et qui trouvait encore le moyen dans un tel moment de tension de faire de l’esprit.

Aucun des deux hommes n’était friand d’excuses et de mesure et ils le prouvaient encore une fois : pas de marche arrière possible, ils s’enfonçaient tout deux dans leur effrénée bêtise. Le plus jeune en excitant la colère de l’autre et le plus vieux en fonçant tout droit et tête baissée dans le marasme qui lui engourdissait les sens et l’esprit. Il osait ! Lakdahr osait dire que c’était sa faute, ou pire celle d’Arkha ! « Dis pas ça d’elle grosse queue ambulante ! Tu la fermes ! » Et en plus, il trouvait le moyen d’en rire ! Le front de Gabriel ne se déridait pas le moins du monde, si sérieux et outragé qu’il en vibrait sur place. « T’en as vraiment rien à foutre de ma gueule, faut toujours que j’me fasse planter ! T’as l’bon rôle à t’présenter comme le raisonnable qui m’sauve pour ensuite me balancer… ça… Comme si tu… Mh ! Ça en vaut même pas la peine ! » Il n'était pas dupe et remarquait son excessivité mais il n’était pas capable de la contrôler, et son comparse ne l’aidait guère dans cette tâche ! Se rendait-il seulement compte que tout ceci était important pour lui, et qu’il le blessait en faisant preuve d’aussi peu d’égards ? Rien n’était moins sûr… Il s’en moquait, c’était même certain. Aussi rouge et frétillant qu’un piment sur la braise il déballa son sac avec l’emballement d’un enfant et l’orgueil d’un adulte humilié. « Tu sais quoi ? J’veux pas te parler ! J’veux même plus jamais te parler !! JAMAIS ! T’es qu’un con et un queutard, il mesura l’impact de ses dires et renchérit d’une voix plus forte, les deux ! J’en ai plein l’cul d’marcher dans ton jus ! Il fronça les sourcils, s’apercevant trop tard que sa réplique pouvait être à double tranchant. Les rumeurs avaient quelques fois circulées sur eux et leur prétendue passion aussi sentimentale que sexuelle et il ne tenait pas à les alimenter en bramant des inepties. On touche pas le cul ! Pas l’mien, pas les… Rah, ta gueule, tu m’énerves ! » Lakdahr n’avait pas encore eu le temps de répliquer mais c’était là bien un détail dans l’esprit en ébullition d’un fer-né échauffé par nature.

Et puisqu’il en était à cette ‘ultime’ dispute, il se devait de lâcher tout ce qu’il accumulait depuis plusieurs jours, si ce n’est des mois. Quiconque en dehors du binôme pouvait aisément croire qu’ils se déchiraient pour la dernière fois et qu’après toute cette joute verbale, ils ne s’adresseraient plus jamais la parole. C’était faux. Depuis des années, ainsi fonctionnait l’infrangible alliance de titans, prompts à se maudire mais jamais à incanter la formule de fin. « Et t’avises plus d’revenir faire couiner ta souris à Dix-Tours ! J’en ai marre d’l’entendre brailler comme si vous étiez vingt ! Il grogna et passa d’une guibole à une autre, plein de nerfs sous tension. C’est pas crédible en plus ! Et puis qu’elle arrête d’essayer d’me tuer, qu’elle comprenne que c’est ta chose et pas l’inverse ! Il renifla bruyamment, plantant son regard clair et toujours si limpide dans celui de son homonyme – jaloux, possessif, et blessé plus que de raison. A croire que tu lui parles avec plus d’gentillesse qu’à moi… ! » Dans tout ce flot irascible c’était peut-être l’unique point qui turlupinait vraiment et profondément le sensible, qui s’interrogeait souvent sur la propension de Violain à le séparer de celui dont il ne pouvait décemment pas se passer. Il ne manquait plus qu’elle lui donne un enfant, et il disparaitrait encore plus de la toile… Et si avec Arkha, cela continuait ? Et s’il lui demandait de l’épouser, qu’elle devenait sa femme-roc ? Non… Il n’y aurait plus de place pour lui, l’empoté Gabriel enfermé dans sa solitude. L’extrapolation était folle mais elle ruinait le moral du fer-né, qui déglutit face à son adversaire et baissa ses prunelles humides au sol. Pour une partie de jambes en l’air… Quel emportement. Il pressa ses lippes et inspira profondément, il voulait être digne jusqu’au bout et lâcha alors d’une voix plus hésitante qu’il ne l’aurait voulu : « J’en ai plus rien à foutre de toute manière, de toi et tous tes trous ! L’élégance étant à présent à son comble, c’est d’un ton qui se voulait solennel que Gabriel acheva sa furibonde tirade. Adieu, traitre ! »
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Lakdahr l'Edenteur

Lakdahr l'Edenteur
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♦ Missives : 1390
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Message Au revers du poing, la fronde de l'amitié Empty Mer 16 Jan 2013 - 3:28

Son argumentaire était à son image de Goliath des îles d'argentite, authentique et gargantuesque, aussi burlesque qu'incongrue, visant aussi assidûment que les galéjades énamourées d'un quartzeux qui dégorgeait de passion dans les quelques relations qui le tenaient à cœur. Il lui annonçait l'outrage de sa verge au même titre que lui, lui confessait sa convoitise maritale et ses idéaux de postérité qui auraient inéluctablement été véracité s'ils avaient été en mesure de procréer de parfaites petites monstruosités. La braise du forgeron unifiée à l'embrun du matelot, feu et eau seraient la sève d'une toute nouvelle peuplade à l'appétit de bâfreur et à la larme facile, nul doute, rien que d'y penser, il en était déjà tout émoustillé ! Leurs railleries pour importuner n'étaient pas de la même sapidité mais faisaient toujours mouche – et les diptères, ça les connaissait ! -, la course à la vexation voyait ses scores éternellement égalisés, mais même après la pléthore de boutades pendue aux lippes du capitaine suite à la rebuffade de sa grande noiraude, Gabriel semblait être le dindon de la farce – et profondément fourré, s'il-vous-plait ! Un courroux jubilatoire pour celui qui se faisait lapider à coup de fatras, glorifier à grandes dithyrambes et haïr par pure possessivité. Qu'il s'agisse de paternalisme ou d'une notion bien moins épurée, sa réaction n'était en rien une surprise quand bien même l'Edenteur n'avait usé d'aucune subtilité pour lui faire part de cette foucade d'un jour. Un simple détail dans ses mémoires égrillardes qu'il avait jugé secondaire au point d'en omettre l'aveu à celui qui, s'il n'était pas le principal concerné, l'était tout de même indubitablement. Mais les réponses de son compère de toujours tendaient toujours à la démesure pour des bévues qu'il estimait pourtant anodines, après tout, ladite cousine était en âge de hisser le grand mât sur l'embarcation qu'elle désirait ! S'il n'en pensait pas moins, il se garda bien d'en faire le commentaire au risque de pousser la furia à son paroxysme et d'avoir à endurer la rancune de son homonyme pour un long moment – synonyme d'un couplet de crépuscules, au maximum, le temps qu'il prenne conscience de l'absurdité de sa bouderie. Deux bambins à l'essence juvénile esseulés dans des corps de géants guerriers, de leurs dissensions tonnait la pire des foudres dans la noirceur des intempéries, mais éphémères, ce n'était ensuite plus que rayon diurne, que faisceau de lune, dans des cieux plus dépurés... Jusqu'à la prochaine tempête. Des batailles aussi renommées que leurs accalmies, c'était aussi cela, ce binôme de bons amis.

Une fois que plus aucun projectile ne menaçait de lui fendre la boite crânienne, l'artisan se redressa avec un air bien trop quiet pour ne point être une source d'irascibilité supplémentaire. Trop habitué qu'il était à ce genre de pulsions vindicatives, il n'en goba guère un traître mot et se plu même à les ignorer comme si ce fut un continental qui lui contait fleurette. Sa mimique royalement désintéressée soulignait à quel point la gravité de la situation le préoccupait, par ailleurs, ces injures, ces imputations, il les avait par maintes fois ouïes de la bouche de l'animal qui s'empourprait à vue d'oeil. Ses onyx à demi-camouflées sous ses paupières le miraient dans sa prosodie totalement improvisée et quelque peu gauche dans certaines envolées, si bien qu'il étouffa un rire au revers de ses lèvres serrées lorsqu'il fut question de croupe et de concupiscents racontars à la vraisemblance controversée. « Non mais, j'aime bien ton cul aussi, t'fâche pas... » Répliqua t-il davantage pour lui-même que pour l'oreille du furibond dont les lippes asséchées seraient bientôt souillées d'une écume enragée tant il était loin de se pacifier. Et puisque l'opportunité de s'exprimer sans interruption lui était offerte, le sujet d'Arkha fut supputé par celui d'une Souris qui n'était pas sans faire débat, Lakdahr le savait. Si son frère de cœur ne lui en avait touché mot avant cette algarade, il était le premier informé que les relations de bon voisinage étaient aussi précaires qu'une gorge sous la lame du bourreau – c'était dire s'il s'éveillait à chaque aube en se demandant lequel des deux aura réussi à occire l'autre le premier. Mais à ces chants de luxure, il ne ressentait aucune culpabilité, car personne – ni même Gabriel – ne lui ferait entendre raison sur sa consommation de stupre, en particulier lorsqu'il s'agissait d'une concubine officielle. De plus, le quartzeux était l'unique fautif de sa frustration en la matière, le seul à ériger une telle privation de plaisirs charnels alors que les occasions n'avaient pas manqué. Une logique d'existence aussi ridicule que si lui avait entrepris une grève de la faim sans réelle explication, et à cet acte d'intègre ineptie, le colosse répondait qu'il ne se sentait nullement concerné. Sa seule réaction fut d'opiner positivement du chef comme s'il corroborait les fielleuses paroles qui lui étaient adressées, parfaitement au fait qu'il ne pourrait entamer sa défense tant qu'ils n'auraient pas siroté le faro qui les attendait plus haut. Un drame, que l'auréole d'amertume qui ceignait alors son comparse ne soit pas son puits de remords et le réceptacle de sa contrition, mais il savait que ce genre de trivialités étaient incapables de désagréger leur amitié et qu'ils passeraient outre sans même en avoir conscience.

« C'est ça, j'arrive, garde ma gueuze au frais ! » Quémanda t-il alors que Gabriel prenait le sentier de sortie, sans qu'il ne cherche à le rattraper ni même à le retenir. Il ramassa brièvement les affaires qui avaient souffert de l'emportement du capitaine parti rejoindre son nouvel arroi, puis déposa non sans une lueur de fierté sa belle épousée de fer en sûreté. A la suite de quoi, il parcourut les corridors jusqu'à la salle en fête pour y retrouver ces matafs un peu fous mais tant appréciés, qui poursuivraient leur frairie jusqu'à ce que plus aucune goutte de breuvage alcoolisé ne demeure. En dépit des circonstances, ce fut bien aux côtés de son ami aux limpides prunelles que l'Edenteur prit place en sachant que la liesse aurait tôt fait de les réconcilier. Après tout, leur journée entière avait été diaprée d'altercations en tout genre, une journée somme toute usuelle qu'ils ne manqueraient pas de revivre sous d'autres aspects. Qu'importait ce qui été apte à leur causer quelques disparités, l'essence de ce qu'ils étaient et représentaient ne pouvait agonir, sempiternelle équipe, immuable duo.
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